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Nous n’avons pas idée de l’importance de la Grèce ancienne dans ce que nous sommes

Souvent, très souvent, nous portons cette civilisation en nous sans même le savoir. De manière immédiate, nous venons d’il y a 2 600 ans. Précédemment, nous étions certains que les dieux de l’univers mythique contrôlaient tout, qu’eux seuls avaient accès à la connaissance.

Cette vision a duré jusqu’au VIe siècle avant notre ère, affirme l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan, quand, le long de la côte de l’Asie Mineure, en Ionie, survient le « miracle grec ». En plein milieu de l’univers mythique, les Grecs ont l’intuition extraordinaire que les phénomènes naturels peuvent être compris sans s’abandonner aveuglément à l’action  des dieux. Les composantes du monde sont régies par des lois qui peuvent être appréhendées par la raison humaine. (Le monde s’est-il créé tout seul ?, entretiens avec Patrick van Eersel, avec la collaboration de Sylvain Michelet, Paris, Albin Michel, 2008, p. 23)

 

Extraits puisés dans la littérature grecque antique.

Le premier de ces passages est de l’orateur et professeur de rhétorique d’Athènes, Isocrate (436-338). Il s’adresse à Démonicos, un de ses élèves.

Nous pouvons constater, Démonicos, que si les dispositions des gens de bien sont en opposition, à de nombreux égards, avec les intentions des gens malhonnêtes, les plus larges écarts entre les uns et les autres se manifestent à l’occasion des relations d’amitié. Les uns se contentent d’estimer leurs amis lorsqu’ils sont présents, les autres leur donnent leur affection même lorsqu’une grande distance les tient éloignés. Un court espace de temps défait les relations que les gens malhonnêtes ont nouées ; les amitiés des gens de bien, l’éternité même ne peut les effacer.

Le second passage est de Sapho (vers 620 — vers 580), la poétesse lyrique grecque, spécialiste de la poésie érotique.

Celui-là me paraît être l’égal des dieux, l’homme qui, assis en face de toi, de tout près, écoute ta voix si douce.

Et ce rire enchanteur qui, je le jure, a fait fondre mon cœur dans ma poitrine ; car, dès que je t’aperçois un instant, il ne m’est plus possible d’articuler une parole.

Mais ma langue se brise, et, sous ma peau, soudain se glisse un feu subtil ; mes yeux sont sans regard, mes oreilles bourdonnent,

La sueur ruisselle de mon corps, un frisson me saisit toute ; je deviens plus verte que l’herbe, et, peu s’en faut, je me sens mourir.

 

E. J. Chevalier et R. Bady, L’Âme grecque, Pages de la littérature antique, Lausanne, Éditions Marguerat, 1947, p. 44, 74s.

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