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Voici l’attendu !

Aujourd’hui, vendredi, que l’on ne s’effraie pas.

 — 20 mars, fête de l’archange Saint Gabriel, à 7 heures 33 minutes du soir, heure canadienne de notre région, Son Altesse Impériale et Royale, le joli Printemps, fera son entrée dans le monde, juste au moment astronomique où le soleil passera au signe zodiacal du Bélier.

L’entrée nocturne du bel enfant que les anciens payens représentaient sous les traits gracieux de Flore et Zéphyre, et que les modernes ont poétisé sous le nom encore plus gracieux de l’Espérance, vu sa couleur et nature vertes et verdoyantes, se fera par une température idéale.

C’est aussi l’équinoxe, c’est-à-dire que jour et nuit sont alors égaux. Le 20 mars, le soleil se lève à 6.06 h. et se couche à 6.13 h., soit 12 h. 07 de jour et 11.53 h. de nuit. Et, le 21 mars, le soleil se lève à 6.04 h., et se couche à 6.14 h., soit 12.10 h. de jour et 11.50 h. de nuit.

Il ne faut pas chicaner sur la légère différence de minutes, c’est dû à l’heure solaire usuelle, tandis que l’entrée du printemps est fixée par l’heure astronomique, dont les calculs sont toujours très exacts. S’il y a des grincheux à cet égard, ils n’auront qu’à réclamer et à se plaindre aux observateurs.

Une singularité de cette année 1908, c’est l’entrée du printemps au 20 mars, au lieu de l’habituel 21 mars. En cette année bissextile 1908, le calendrier, ayant fait gracieuseté au beau sexe du 29 février, alors le printemps s’est trouvé en avance de 24 heures. Qui s’en  plaindrait ?

Comme tout ici-bas a, selon le fameux [Pierre Hyacinthe] Azaïs, sa compensation, le bel et espéré enfant, le Printemps, est toujours accompagné du redoutable et exécré Équinoxe, qui gâche notre plaisir sur terre, et qui fait tant de désastres sur mer.

On est averti, que donc chacun se garde. Le dicton populaire reste bien vrai à cet effet : « Il ne faut pas battre le chien devant le loup ». Et il vaut mieux chanter ce gai refrain de la jeunesse — jeunesse qui est l’éternel printemps de la vie :

Promenons-nous dans les sentiers remplis d’ivresse ;

Le cœur joyeux, aimant, et tout plein d’allégresse,

Promenons-nous,

Amusons-nous,

Jeunes et fous ! Vive le Printemps !

Vive la Jeunesse !

 

William R. Haven.

Sherbrooke, 20 mars 1908.

 

La Patrie (Montréal), 20 mars 1908.

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