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Réflexions sur l’importance de la glace

Nous sommes encore à une vingtaine d’années du frigo.

Aussi la glace continue d’avoir son importance, surtout en ville.

On entend souvent dire :

« Lorsque le prix de la farine monte, celui du pain monte également ; mais que la farine soit à la baisse, le prix du pain ne redescend jamais ! »

En sera-t-il ainsi de la glace ?

Presque autant que le pain, la glace est un article indispensable dans les familles, pendant les mois d’été. Dans les maisons où il y a de jeunes enfants, surtout, elle est nécessaire, pour la conservation du lait, l’un des plus embarrassants problèmes de la saison chaude.

Grâce à notre climat rigoureux, la production de la glace, à Montréal, ne coûte rien. La glace se forme en abondance sur le fleuve, où ceux qui en veulent trafiquer n’ont qu’à la prendre. Le prix de revient de la glace se réduit donc à ce qu’il en coûte pour la transporter dans les glacières. Il convient d’y ajouter toutefois le prix de la livraison quotidienne au domicile de chaque client, livraison qui est devenue très coûteuse, les employés qui en sont chargés exigeant des salaires de plus en plus élevés.

Avant ces quelques années dernières, et depuis un nombre considérable d’années, on payait pour ce qu’on est convenu d’appeler un  morceau de glace de 10 livres [4, 5 kilos], chaque jour, le prix de $5 pour la saison, du 1er mai au 1er octobre.

Il y a, croyons-nous, quatre ans, en raison de la cherté de la main-d’œuvre, la glace suivit le mouvement de toutes les autres choses nécessaires à l’existence : le prix en avança à $6.

La saison dernière, à la suite d’un hiver exceptionnellement doux, les marchands de glace, qui avaient pu à grande peine faire un approvisionnement suffisant, montèrent le prix, d’un seul coup, de deux crans, et la glace se vendit, l’été dernier, $8.00.

L’hiver dont nous ne voyons pas encore — hélas ! — venir la fin, a favorisé merveilleusement une récolte abondante de glace, qui a pu être emmagasinée dans les meilleurs conditions possibles. Le froid nous a surpris de bonne heure et nous a tenus ferme et sans discontinuer sous son étreinte, au point que la statistique n’avait, depuis vingt-cinq ans, enregistré de saison si rigoureuse. Le fleuve s’est couvert en décembre d’une épaisse couche de glace, et nous avons eu juste ce qu’il fallait de neige, pour assurer en permanence de bons chemins.

Voici bientôt le temps où l’on va solliciter les commandes.

Quel sera le prix de la glace ?

 

La Patrie (Montréal), 7 mars 1907.

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