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Que se passe-t-il au kiosque Saint-Joachim à l’île Bizard ?

Cette île est au nord-ouest de l’île de Montréal. Le kiosque qui s’y trouve semble hanté. Voyons voir.

Cette coquette habitation est située à l’embouchure du lac des Deux Montagnes donnant naissance à la rivière des Prairies. Elle est de style hexagonal, laissant pénétrer la lumière par chacun de ses flancs, de sorte qu’une personne peut contempler de l’intérieur les jolies résidences du Fort de Sainte-Geneviève, la vaste nappe d’eau du lac jusqu’aux rives de Vaudreuil et de Notre-Dame d’Oka […].

Bâti pour feu l’abbé Joachim Malette, curé, qui aimait à y passer ses loisirs durant la belle saison, en compagnie de confrères, d’amis ou d’écoliers, le Kiosque a été légué aux Révérends Frères de Ste-Croix qui en font le terminus de leurs promenades en été. Il reste fermé tout l’hiver ; personne n’y a accès.

C’est la solitude la plus complète et il semblait que rien n’en pouvait troubler le calme, quand l’on vient de constater pour la seconde fois depuis un an qu’une lumière étrange semblable à une boule à la flamme bleuâtre illumine l’intérieur du kiosque à différentes heures de la nuit et à diverses intervalles.

Chose inexplicable aux yeux des personnes qui en ont été les témoins, le phénomène s’est produit indifféremment durant d’épaisses ténèbres comme certains soirs de lune, alors qu’on eût pu soupçonner celle-ci ou les flammes du voisinage pour effrayer les paisibles habitants d’alentour.

Plusieurs personnes dignes de foi affirment qu’elles ont vu en même temps le kiosque embrasé et ce serait leur faire injure que de mettre leur parole en doute ou de les supposer victimes inconscientes d’illusions d’optique.

C’est avec soin qu’elles ont fait cette curieuse constatation, après s’être assuré qu’aucune lampe du voisinage ne dirigeait ses rayons du côté du kiosque, qu’aucun astre ne brillait au firmament, enfin qu’aucun être vivant n’avait cherché un asile ou tenté une visite nocturne de ce lieu solitaire.

M. Hector Martin raconte qu’un soir, après avoir vu la mystérieuse lueur d’une des lucarnes de sa maison, en compagnie de membres de sa famille, il s’est rendu près du kiosque, mais que le charme a disparu tout à coup à ses yeux.

D’autres qui n’ont pas osé tenter l’aventure aussi loin n’en persistent pas moins à dire qu’il n’y a pas à s’y tromper, le kiosque est hanté de temps en temps et que ce serait témérité d’y risquer des investigations importunes.

On n’a donc pas approfondi davantage le mystère jusqu’ici. Toutefois, M. Martin dit que le Rév. Père Pinson, ancien directeur du noviciat de Sainte-Croix, a été naguère instruit de cette affaire extraordinaire et qu’il aurait répondu dans le temps que ces visions ne se répéteraient plus. Il y a plus d’un an de cela. Et cependant la boule de feu du kiosque fait de nouveau son apparition.

Les incrédules auront beau dire, le fait est là, irréfutable et toujours inexpliqué.

Les adeptes du spiritisme y trouveraient peut-être quelque chose d’intéressant à ajouter à la longue liste de leurs expériences : qu’ils y viennent.

 

La Patrie (Montréal), 2 février 1909.

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