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Un quotidien montréalais fait sa une avec les superstitions

Si nos lecteurs veulent bien nous le permettre, nous parlerons aujourd’hui de la superstition.

Peut-être aura-t-on pour agréable de nous voir signaler au passage quelques-unes des superstitions les plus populaires, pour ne pas dire les plus accréditées.

Tout d’abord, il est utile d’avoir une notion exacte du sujet qui nous occupe. Dans les encyclopédies, on  définit la superstition : « une déviation de la conscience par laquelle on est porté à se créer des obligations fausses, à craindre des choses qui ne doivent pas être craintes, ou à mettre sa confiance en d’autres qui sont vaincues ».

Et s’il nous fallait rechercher les origines de la superstition, nous serions d’avis qu’elle est tout entière dans certaines connaissances où il ne réside pas assez de profondeur et d’examen ; dans certaines croyances fanatiques et païennes, comme par exemple l’adoration des idoles, la sorcellerie, la nécromancie, etc., etc.

Quant à savoir où elle existe, il est facile et vrai d’affirmer qu’on la trouve chez tous les peuples.

Et si nous voulons pousser l’exactitude jusqu’au scrupule, peut-être devrions-nous dire qu’il y a de la superstition dans le cœur et l’âme de chaque être humain. Chaque profession, commerce ou occupation a des doctrines superstitieuses qui lui sont propres. Même le fermier qui étudie les agissements des animaux vous affirmera ce qu’il faut prévoir par leur conduite ; suivant qu’ils agissent de telle ou telle manière, l’hiver sera doux, rigoureux ; la moisson du printemps sera bonne, désastreuse, et tout ce que l’on voudra. […]

Les Sauvages d’Amérique croient que les chevreuils blancs ont une amulette fatidique dans l’estomac. Ils croient que le Grand Esprit a placé cette pierre dans l’estomac du chevreuil blanc, afin qu’elle puisse absorber les poisons que pourrait prendre en mangeant l’herbe tendre ce délicat animal.

En Arabie, ceux qui se trouvent pris dans le simoun crient de toutes leurs forces : « Fer ! Fer ! » croyant ainsi détourner les esprits farouches de la tempête. Et que dire des esquimaux qui croient aux revenants., aux fantômes, à la métempsychose, aux sciences occultes ? […]

Et comme il, serait trop long de parcourir tous les pays, nous ne parlerons que des superstitions , les principales du moins, qui ont cours aux États-Unis.

Certaines personnes prétendent qu’un nœud double de cèdre qu’on porte sur soi est un remède assuré, croit-on, contre le rhumatisme. Les uns affirment que si l’on ne se départit pas d’une tomate, on s’exempte de toute affection rhumatismale ; pour d’autres, cette vertu réside tout entière dans le fécule de Parmentier.

Au Massachusetts, les vaches ont la propriété, du moins on le croit en quelques endroits, de prédire ce qui arrivera. Ainsi, lorsqu’on entend le rugissement d’une de ces humbles bêtes, après minuit sonné, on est certain qu’il mourra quelqu’un de ses proches durant l’année. […]

Et enfin qu’ajouter encore, si ce n’est que toutes les idées superstitieuses ne sont basées sur rien du tout, si ce n’est sur le fonds, trop considérable hélas, de badauderie, pour ne pas dire de sottise, qui embarrasse l’intellect et les facultés d’une foule de mortels, bonnes gens d’ailleurs, mais trop crédules, trop facilement dupes.

La science est là pour démontrer tout ce qu’il y a d’exagéré dans ces croyances imaginaires ; les statistiques abondent à prouver que ce ne sont là que des « contes de ma grand’mère », comme on  dit.

 

La Patrie (Montréal) 18 janvier 1908.

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