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À quelques heures des étrennes du Jour de l’an

Un quotidien montréalais envoie ses journalistes visiter les magasins qui, sans doute, durant l’année, encouragent le journal en y plaçant de la publicité. En voici un chez Vallières, rue Sainte-Catherine Est.

C’est une bonne heure celle que l’on passe à faire une visite détaillée des grands magasins à département de M. Vallières, rue Ste-Catherine-Est.

En entrant, vous éprouvez une agréable surprise. On se croirait en plein été, la douce température qui règne dans ce palais de la variété, l’illusion est procurée par des tonnelles de verdure qui dissimulent tous les plafonds du premier étage.

On est parvenu à obtenir cet effet en garnissant de verdure des demi-cercles en bois, qui placés les uns à la suite des autres font une véritable voûte d’un beau vert qui paraît avec un effet étrange sous les feux des mille lumières qui se jouent au travers.

Mais tout ce que nous avons vu jusqu’à ce moment n’est qu’une simple augmentation de l’état habituel des choses ; si nous voulons voir du nouveau, approchons-nous de cet appartement où grouille un petit peuple qui a des yeux jusque dans le bout des doigts. N’ayez pas trop peur avant d’entrer, car tout ce que nous pouvons entendre n’a cependant rien d’effrayant.

C’est bien la cacophonie la plus étrange en effet dont les échos se répandent un peu dans le magasin, mais cette cacophonie est loin de déplaire, car nous sommes pénétrés de cette idée que c’est la saison des Fêtes.

Jetons un coup d’œil sur ce département, car il nous sera bien difficile d’y pénétrer, tant la foule des enfants y est nombreuse. C’est un vrai bonheur de contempler toutes ces petites figures souriantes de bonheur et d’envie. Comme ces petites têtes blondes, ces yeux rieurs, ces joues rougies par le froid de l’hiver, cadrent bien dans ce milieu de jouets et de bibelots de toutes sortes.

L’assortiment est considérable encore cette année, mais comme toujours ce ne sont pas les jouets les plus dispendieux qui font le cauchemar des enfants [sic] ; comme par les années passées, comme il y a 25 ans, comme il y a 50 ans et comme autrefois il y a 100 ans et plus, le cheval de bois, la flûte, le tambour, enfin les jouets qui font du bruit, qui peuvent se briser sans un trop grand effort de la part de l’enfant, sont encore les objets de la convoitise des chers petits.

La foule se presse à tous les comptoirs, foule d’enfants avides de jouets, foule de femmes anxieuses de se procurer un part de ces mirifiques étalages de superbes tissus ou de ravissantes dentelles. Les hommes aussi en nombre ont peine à trouver place à travers cette cohue féminine et enfantine.

Aussi se hâtent-ils de terminer leurs emplettes de cadeaux du Nouvel An, afin de regagner promptement la rue où, les bras chargés, ils respireront encore plus à l’aise.

 

Le Patrie (Montréal), 26 décembre 1908.

L’image ? Rue Sainte-Catherine Est, à Montréal, le grand magasin Dupuis Frères, qui avait pour slogan « Le magasin du peuple », vers 1910. La carte postale datée du 28 mai 1910 est adressée à Laurette Cortnoir de Saint-Germain-de-Grantham de la part d’Hurette Cotnoir de Montréal. Le document est déposé à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Laurette Cotnoir-Capponi, Cartes postales, cote : P186,S9,P183.

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