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Sur l’art musical chez le vivant

Jacques Delamain (1874-1953), ornithologue français, a publié quelques ouvrages sur les oiseaux. Je n’en connais qu’un cependant : Pourquoi les oiseaux chantent.

Or, la plupart des oiseaux d’Europe diffèrent des oiseaux d’Amérique. Cette richesse du monde rend son livre quasi hors d’usage pour qui habite à l’Ouest. Nos grands chanteurs à nous n’y apparaissent pas.

Mais volons-lui tout de même un paragraphe fort bien tourné.

L’art musical est né de la satisfaction qu’éprouve l’être à traduire sa vie par un son. La mouche dorée, qui bourdonne, aime le bruissement de ses ailes ; la cigale, dans l’extase de sa vibration, oublie l’ennemi qui la guette. L’oiseau jouit de la note que son propre gosier module. Mais s’il atteint, lui, jusqu’à l’art, c’est que doué du sens de la beauté, il a su, parmi ses notes, choisir les plus claires, les plus pures ou les plus pleines, les relier les unes aux autres, trouver le rythme, composer la phrase, transposer les tons, parvenir ainsi à la pure musique, et du cri, faire jaillir un chant. Et c’est par la recherche de la beauté que l’art de l’oiseau nous touche. Nous comprenons et nous interprétons son effort esthétique ; la chanson de l’Alouette devient pour nous l’expression de la gaieté courageuse et sereine ; aux strophes du Rossignol, nous trouvons un accent de ferveur.

Jacques Delamain, Pourquoi les oiseaux chantent, Paris, Éditions Stock, 1964, p. 24s. Ce livre de Delamain fut d’abord publié en 1928, chez Stock.

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