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P.-J.-O. Chauveau au sujet du chant national

Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1820-1890), avocat, homme de lettres, premier ministre du Québec en 1867, a joué un rôle important dans l’histoire du Québec. Il s’est battu pour l’instruction publique, a travaillé à la fondation d’écoles normales, fut même poète et écrivain.

Son roman Charles Guérin : roman de mœurs canadiennes, publié en volume en 1853, lui vaut la notoriété publique. L’œuvre d’ailleurs a bien vieilli et ses deux biographes dans le Dictionnaire biographique du Canada, Jean Hamelin et Pierre Poulin, évoquent Honoré de Balzac, un contemporain.

En annexe à son roman, Chauveau y va de « Notes de l’auteur », en particulier de quelques paragraphes sur les chants nationaux. Extraits.

Les chants nationaux d’un peuple jouent un grand rôle dans leur existence. Il est rare qu’ils ne s’harmonisent pas entièrement avec son caractère. Cependant l’adoption d’un chant national comme le chant officiel d’une nation tient quelquefois à de bien petites circonstances. Il s’en est fallu de bien peu qu’une chanson et un air composés, pour se moquer d’eux, Yankee Doodle, ne soit devenus l’hymne officiel des Anglo-Américains. Heureusement qu’ils y ont substitué Hail Columbia !

À la Claire Fontaine, cette belle chanson de nos voyageurs que nous avons adoptée avec tant de bonheur pour notre chant national, est empreinte à la fois de gaîté et de mélancolie. Rien comme elle ne doit faire battre le cœur d’un Canadien à l’étranger, car elle touche les deux fibres les plus délicates de la nature humaine : elle rappelle dans ce qu’elle a de gai les joies de la patrie absente, dans ce qu’elle a de triste, les douleurs de l’exil.

Il semble en l’entendant sentir comme nos pères le canot d’écorce glisser sous l’impulsion de l’aviron rapide sur notre large et paisible fleuve, voir fuir derrière soi la forêt d’érables et de sapins et poindre dans quelqu’anse lointaine au groupe de blanches maisons, et le clocher du village étinceler au soleil [sic].

À la Claire Fontaine, que nous avons cru longtemps composée par quelque voyageur plus lettré et plus sentimental que ses camarades, dont l’air a même passé pour une mélodie sauvage, est une chanson de la vieille France, et nous l’avons retrouvée avec quelques légères variantes dans une nouvelle de M. Monstrelet.

 

La photographie de Chauveau par Paul Carpentier est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds ministère de la Culture et des Communications, Office du film du Québec, Documents iconographiques, cote : E6,S7,SS1,P30509.

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