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L’Angélus de Millet en voyage

C’est complexe de faire voyager un grand tableau.

Le célèbre tableau de Jean-François Millet, L’Angélus, acheté à Paris pour la société connue sous le nom d’American Association for the Preservation and Encouragement of Art, est arrivé [à New York] à bord de La Bourgogne, où il avait été embarqué comme fret ordinaire par M. Robertson spécialement délégué à Paris à cet effet.

L’Angélus est encore à bord de La Bourgogne, d’où il ne peut passer en douane que sur la production du connaissement certifié par le consul des États-Unis au port d’embarquement, lequel connaissement est entre les mains de M. Robertson, embarqué sur l’Aurania, de la ligne Cunard, qui n’est arrivé qu’hier soir.

Aussitôt les formalités remplies, c’est-à-dire au moyen d’une caution de $67,000, représentant le double des droits à payer si on n’obtient pas de Washington l’entrée en franchise, le tableau sera remis entre les mains de M. Sutton, représentant de l’Association, qui le fera transporter à la caisse de sûreté de la banque Garfield, au coin de la 23e rue et de la 6e Avenue, où il sera renfermé dans un des caveaux disposés pour recevoir des objets précieux.

Il n’en sera extrait que pour être réuni, du 1er au 10 novembre, à l’exposition de dessins, peintures et sculptures qui aura lieu à l’American Art Gallery, au bénéfice du fonds destiné à l’érection d’un monument en France à la mémoire de l’éminent sculpteur [Antoine-Louis] Barye.

Cette exposition, qui durera jusqu’au 15 janvier prochain, comprendra, outre un certain nombre d’œuvres de Barye et L’Angélus de Millet, une centaine de tableaux des maîtres de l’école française. Après la clôture, c’est-à-dire après le 15 janvier, L’Angélus sera exposé par les soins de l’Association dans les principales villes des États-Unis.

Le tableau a été assuré contre les risques en mer, avant de partir du Havre, pour $120,000, entièrement couverts par la Sea insurance Company, de Liverpool. Il est enfermé dans une première caisse capitonnée, qui est elle-même recouverte d’une seconde caisse de fer-blanc soudée hermétiquement. Enfin, cette chemise métallique est revêtue d’une troisième enveloppe cerclée de fer. Le précieux chef-d’œuvre ne sera pas découvert avant l’époque de l’exposition.

 

La Patrie (Montréal), 16 octobre 1889.

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