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À Montréal, Henry Morgan et son magasin

En 1844, arrivait à Montréal M. Henry Morgan [1819-1893]. Il venait d’Écosse. Il avait quelque argent et un gros capital d’énergie. Tout de suite, il se lança dans les affaires.

Les débuts furent modestes. Les vieux Montréalais se souviennent encore du petit magasin du coin des rues McGill et Saint-Joseph. ; une simple aile flanquée de deux comptoirs avec cinq commis à la vente.

Ce fut le commencement de la fortune. En peu de temps, la bonne clientèle montréalaise fut conquise. Henry Morgan surveillait tout lui-même. Il accueillait à la porte d’un bon mot les habitués de son magasin et reconduisait au vendeur maladroit les clientes qui s’en allaient les mains vides. Il avait le génie de la vente et il était bien rare qu’on sortit du magasin sans avoir fait un achat. En 1891, il était assez riche pour faire construire le colossal magasin actuel, qui fut agrandi à plusieurs reprises.

Tel qu’’il est aujourd’hui, on l’évalue è $750,000. Le fondateur est mort il y a quelques années, mais son œuvre demeure et elle est entre bonnes mains. Les propriétaires et gérants actuels sont les neveux d’Henry Morgan : M. James Morgan et son cousin M. Colin D. Morgan.

Le magasin Morgan emploie 600 personnes. Il comprend 36 départements, approvisionnés par six acheteurs qui voyagent sans cesse en Europe et aux États-Unis en quête de meilleurs articles.

Les États-Unis fournissent les meubles de luxe, les bijoux, l’Allemagne envoie les jouets, l’Angleterre, ses étoffes, ses rideaux et dentelles, la France, ses porcelaines précieuses, les Indes et la Turquie donnent leurs tentures et leurs tapis, etc.

Le chiffre d’affaires de la maison Morgan est énorme et tous les employés sont intéressés à l’augmenter. Tous les vendeurs reçoivent en effet, outre leur salaire fixe, un pourcentage de 5 pour cent au-dessus d’un certain chiffre d’affaires. À mesure que ce chiffre grossit dans certaines proportions, ils touchent 6, 7, 8, etc. pour cent.

Comme on voit, entre employés et patrons, c’est la devise des mousquetaires « Tous pour deux. Deux pour tous ».

Il paraît qu’elle n’est pas mauvaise.

 

Maurice Dartlez, « Chez Morgan », Le Canada (Montréal), 15 septembre 1904.

La photographie du magasin Morgan prise par Conrad Poirier (1912-1968) en août 1947 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Conrad Poirier, Photographies, cote : P48,S1,P16060.

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