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Un ballon à la dérive au-dessus de Montréal ?

Sous ce titre, on lit dans le Star d’hier soir.

Un ballon est passé au-dessus de la ville hier soir et a été vu tombant dans le fleuve entre l’île Ste-Hélène et le rivage. D’après des renseignements puisés à diverses sources, ce matin, il n’y a pas de doute que l’histoire est vraie.

En conversant avec M. S. H. Martin, constable de la gare des casernes, celui qui écrit ces lignes a appris que peu après six heures, hier soir, un homme dans la foule, qui entoure d’habitude la gare, cria : « Regardez donc le ballon ! » Tous les yeux se portèrent sur le firmament et en effet le voyageur aérien fut distinctement aperçu traversant rapidement l’espace, venant de l’ouest.

Il était à une hauteur de six cents pieds environ et sans nacelle, ce qui donna lieu à la supposition que les cordages avaient été brisés et que les personnes qui occupaient la nacelle s’étaient tuées.

Le ballon passa majestueusement au-dessus de l’église Bonsecours et, arrivé au-dessus du courant Ste-Marie [au sud-est de Montréal], il descendit subitement avec une vitesse effrayante et tomba dans le fleuve.

Un moment après, il reparaissait à la surface, puis il disparut bientôt, emporté par le courant.

Plusieurs cochers de place corroborent ce récit et disent que le ballon était aussi gros que ceux dont on se sert pour les ascensions ordinaires.

Plusieurs hommes de l’équipage du steamer « Lake Huron » mouillé au pied de la rue des Casernes ont aussi remarqué l’étrange visiteur qui a passé au-dessus du navire. Les cordages qui ont dû retenir la nacelle était parfaitement visibles. D’où venait ce ballon reste un mystère.

Toute cette histoire se réduit à ceci. Une montgolfière à air chaud, comme on en fait pour amuser les enfants, a été lancée vers 6 heures, mardi soir, dans la cour des ateliers de La Patrie. Ce joujou s’est élevé majestueusement dans les airs et est allé s’effondrer dans le fleuve au pied du courant. Les badauds y ont vu un énorme ballon, les matelots ont aperçu les cordages de la nacelle et le Star a gobé le canard.

Voilà comment on écrit l’histoire.

 

La Patrie (Montréal), 13 septembre 1883.

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