Skip to content

Ce que l’on sait de Saturne voilà plus de 100 ans

Le bonhomme dans la lune

Un jour, une ou un beau jeune du Québec nous offrira une histoire du ciel. Non pas sous l’angle des conceptions religieuses, mais sur la chose, ce que nous voyons la nuit au-dessus de nous, par temps clair.

Qu’en ont dit les premiers habitants, les Amérindiens ? Les Français venus s’établir au pays s’en sont-ils soucié ? Qu’a-t-on enseigné aux enfants ? Avec-vous connu l’homme qui sciait du bois dans la lune ?

Quel fut le discours sur l’Étoile polaire ? Sur Vénus, l’Étoile du berger ? Que disait-on sur le ciel dans la presse québécoise ? Sous quels angles s’intéressait-on au ciel ? Celui des comètes ? Celui des éclipses ? Où furent donnés au Québec les premiers cours scientifiques sur le ciel ? Trifluviens, vous souvenez-vous de l’observatoire de Michel Francœur en bordure du boulevard du Carmel durant les années 1950 ?

Qu’attend-on pour intéresser un jeune à ce sujet ? Se peut-il qu’on dorme devant cet univers tellement passionnant ? Où s’en va l’histoire ? Que propose-t-on à nos enfants dans les cégeps et les universités ? À quand un regard sur l’Univers ? Ça fait maintenant plus de 40 ans que rien n’est plus d’actualité ? Se peut-il que lentement nous soyons devenus déphasés, que les vieilles notes de cours ne tiennent plus et qu’on tarde ?

* * *

La pièce suivante pourrait être versée au dossier de l’histoire du ciel au Québec. Paraissant dans un quotidien montréalais, elle provient de France, du journaliste scientifique Henri de Parville. Extraits.

Saturne est resté, du reste, un astre énigmatique, aujourd’hui comme autrefois. Tout le système de Saturne, en raison de sa faible densité, est tel qu’il flotterait sur l’eau comme une vaste et immense bouée. La densité n’est guère que le septième de celle de la terre, la densité du liège est le quart de celle de la terre.

Herschel, qui avait de l’imagination, soutenait que cette planète n’était pas ronde, mais quadrangulaire ; sa face formait un rectangle émoussé sur les quatre angles. Ce ne fut pas l’avis de Bessel. Puis Saturne possède le mystérieux anneau, que découvrit Galilée sans jamais pouvoir l’expliquer. L’anneau en comprend plusieurs et tout cela tourne lentement autour de l’astre. Puis, enfin, il y a huit satellites : le premier observé par Huyghens en 1655 ; le huitième, trouvé en 1848, en même temps par Lassel à Liverpool et par Bond à Cambridge, aux États-Unis.

Dominique Cassini avait découvert le deuxième en octobre 1671 et le troisième en décembre 1672. Gravement, il fit hommage de ces nouveaux astres à son bienfaiteur Louis XIV, avec cette curieuse dédicace placée en tête d’un opuscule de 20 pages :

Quelle envie ne porterait pas à votre majesté le grand Alexandre qui, deux fois, versa des larmes, l’une quand il vit ses conquêtes bornées par l’océan et l’autre quand il apprit d’un philosophe qu’il y avait une infinité de Mondes dont il n’avait pas encore conquis un seul. L’antiquité n’avait connu que sept planètes ; ce siècle en avait découvert cinq autres et voici qu’il paraît encore deux nouvelles pour remplir le nombre de quatorze qui a maintenant l’honneur d’être uni au nom auguste de Louis… Quelle que soit la nature de ces Mondes, le droit de découverte en donne déjà deux à votre majesté, dont les conquêtes, ne pouvant être refermées dans les limites, de la Terre, s’étendent jusqu’aux plus sublimes régions des cieux.

Cassini ne se doutait pas alors qu’il découvrirait encore un quatrième et un cinquième satellites en mars 1684, découverte gênante pour l’astronome qui avait signé la dédicace précédente. Louis XIV accepta sans protestation les nouvelles venues.

Il se trouve encore peut-être quelque petite Lune perdue dans le monde de Saturne. Il est si loin de nous ! Les distances extrêmes de Saturne à la Terre sont de 402 millions et 326 millions de lieues. On croit apercevoir, comme sur Mars, des taches blanches dues sans doute à des amas de glace ou de neige s’accroissant et diminuant alternativement aux pôles, suivant les saisons. Mais les dernières taches signalées traversent la planète presque à son centre. Des glaces à l’équateur ! Il est vrai que la chaleur est sur Saturne près de cent fois plus faible que sur la Terre ! Ne cherchons pas l’énigme. Cela pourrait nous prendre beaucoup de temps.

Henri de Parville.

 

Le Canada (Montréal), 4 août 1903.

L’image en majeur  provient de Mon premier livre de lecture, textes de Marguerite Forest et Madeleine Ouimet, illustrations de Jean-Charles Faucher, Montréal, Librairie Granger Frères Ltée, 1964. Il s’agit d’un ouvrage approuvé par le Conseil de l’Instruction publique de Québec, à sa séance du 12 mai 1943.

La seconde image provient de Mon premier livre de lecture, textes de Marguerite Forest et Madeleine Ouimet, illustrations de Jean-Charles Faucher, Montréal, Librairie Granger Frères Ltée, 1951. Il s’agit d’un ouvrage approuvé par le Conseil de l’Instruction publique de Québec, à sa séance du 12 mai 1943.

La troisième image — Saturne vue par la sonde Voyager 2 en 1981 — provient de la page Wikipédia consacrée à cette planète géante.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS