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À Montréal, des produits alimentaires sont exposés à la contamination

Celui qui signe Honorius trouve cela incroyable. Il y va d’une lettre au rédacteur en chef de son quotidien.

Monsieur le rédacteur,

Il n’est pas rare de voir dans le bout de l’est de la rue Sainte-Catherine des étalages de poissons, de viandes, de fruits et de légumes exposés aux ardeurs du soleil et à la poussière du chemin. J’ai vu, en particulier vendredi dernier, un lot de poissons qui était couvert de milliers de mouches. Il faut croire que ces choses sont permises par les règlements municipaux, et que ce poisson à mouches et à microbes trouve quand même des acheteurs.

N’y a-t-il pas lieu de dire que nous sommes encore à l’ère barbare de la science hygiénique, quand on voit que les autorités ne font pas cesser de pareils abus, et qu’il y a des êtres inqualifiables qui mangent ces saletés-là.

Est-il surprenant après cela qu’on ne parle que de l’augmentation des maladies et de la mortalité ?

La nécessité d’un règlement sévère qui défende d’une manière absolue d’exposer dans la rue toutes sortes de comestibles périssables et de nature à se détériorer ou à se contaminer au dehors, me semble s’imposer. Dans cette catégorie, je n’hésiterais pas à placer le poisson, toutes les viandes fraîches ou salées, le pain, les fruits, les légumes.

Le bureau provincial d’hygiène s’est-il jamais ému de cela ? A-t-il des pouvoirs pour agir ?

Les autorités municipales peuvent-elles, sans manquer gravement à leur devoir, fermer l’œil sur l’empoisonnement en grand qui est la conséquence inévitable de cette habitude aussi dégoûtante qu’elle est préjudiciable à la santé publique ? […]

L’autre jour, je voyais une boîte de poisson à la devanture d’un magasin. Un gros chien s’est approché, il a fait l’arrosage du poisson avec le cérémonial ordinaire et s’est éloigné avec la satisfaction du devoir accompli et des reins soulagés.

Deux minutes après, une cliente acheta un des poissons qui lui paraissait d’une fraîcheur des plus appétissantes.

Bon appétit, madame !

On s’occupe du lait, on fait bien ; mais le lait n’est pas le seul véhicule des maladies qui exercent leurs ravages par les temps qui courent.

Honorius.

 

Le Canada (Montréal), 15 juillet 1904.

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