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Le karma selon un moine bouddhiste

J’ai d’abord connu Jacques Brosse (1922-2008), grâce à son livre L’homme dans les bois, publié chez Stock/nature en 1976. Comme le dit le quatrième de couverture : Retiré au fond des bois, Jacques Brosse, pendant un an, a voulu n’être que cela, une conscience émerveillée. On y trouve de bien beaux passages ; il faudra y revenir.

Mais, naturaliste, ce Parisien d’origine a aussi beaucoup approché le zen, vécu plusieurs années près d’un maître bouddhiste et a même été ordonné moine par Taisen Deschimaru en 1975. Il a publié à ce sujet un livre généreux de plus de 300 pages.

Il m’arrive assez souvent de prendre conscience que nous portons beaucoup sur nos épaules. Il faut y réfléchir un peu pour nous rendre compte que c’est incroyable. Nous nous portons nous-même, mais aussi notre famille, nos pères et mères, et les plus vieux en amont, notre histoire, notre culture, les grandeurs et les misères de la vie… Faire l’énumération n’aurait de cesse. À titre d’exemple, j’entends ma médecin me dire : Vous mettez-vous à genoux à tous les soirs pour remercier vos ancêtres, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ait un si bas taux de cholestérol. Héritage.

Je retiens deux extraits de ce livre généreux de Jacques Brosse qui nourrissent cette réflexion fréquente chez moi. Celle-ci d’abord :

Le visage d’avant la naissance, c’est ce que j’étais avant de devenir dans le ventre de ma mère un moi et de me séparer d’elle ; c’est-à-dire un agrégat de cellules, innommable, à peine encore déterminé, mais mû par un intense, un irrésistible élan, le désir de toute cellule vivante de se multiplier, de se reproduire. Avant, il y avait ce désir, non encore manifesté. Et avant ?

Puis sa définition du karma :

Le karma est le conditionnement qui résulte des actions passées. Il pourrait donc y avoir karma, même s’il n’existait pas de vies antérieures, puisque nous trouvons toujours, aussi haut que nous remontions dans notre propre existence, un passé, un conditionnement : l’éducation scolaire et auparavant familiale, le milieu où nous sommes nés, géographique, social, culturel, et pour certains l’aspect du ciel lors de notre naissance, enfin l’hérédité.

Mais la génétique, tout comme le bouddhisme, affirme l’existence des vies antérieures. Pour elle, chacun de nous est une collection de gènes, tous venus d’ailleurs, en nous assemblés par l’univers de nos géniteurs, et cet assemblage n’est que provisoire. Non seulement en effet les gènes ne commencent pas avec nous, mais ils nous survivent en notre descendance.

Or, le bouddhisme ne prétend rien d’autre. Car ce n’est pas le moi qui transmigre, mais les gènes. L’agrégat se dissout à la mort, et c’est un autre qui se forme, qui va naître.

 

Jacques Brosse, Satori. Dix ans d’expérience avec un Maître Zen, Paris, Albin Michel, 1984.

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