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Le voyage vous dirait ?

Un fil à la patte vous en empêche ? Allez, que le temps d’un chemin. Henry David Thoreau nous le propose.

 

 

 

 

La Vieille Route de Marlborough

Là où on creusa jadis à la recherche d’argent

Sans en trouver jamais ;

Où parfois Martial Miles

Et Elijah Wood

Passent l’un après l’autre,

Pour rien de bon, je le crains.

Personne d’autre

Qu’Elisha Dugan —

O homme aux mœurs sauvages,

Qui n’a d’autre souci

Que de poser des pièges,

Aux perdrix et aux lapins,

Qui vit tout seul,

Près de son os ;

Et où la vie est la plus douce,

Mange sans cesse.

Quand le printemps ravive en mon sang

L’instinct du voyageur,

Je ne puis trouver assez de cailloux

Sur la Vieille Route de Malborough.

Personne ne l’entretient,

Car personne ne l’emprunte ;

C’est un chemin vivant,

Comme disent les chrétiens,

Il en est très peu

Qui s’y aventurent,

Que les hôtes de

Quin l’Irlandais.

Qu’est-ce, mais qu’est-ce donc

Sinon une direction par-là,

Et la simple possibilité

D’aller quelque part ?

De grands panneaux d’indicateurs en pierre

Mais de voyageur aucun.

Des cénotaphes de villes

Désignées sur leurs faîtes.

Cela vaut la peine d’aller voir

Ce que vous pourriez être.

Quel roi

Fit cette chose,

Je me le demande encore —

Érigée comment où quand,

Par quels édiles,

Gourgas ou Lee,

Clark ou Darby ?

Elles s’efforcent

De durer éternellement.

Tablettes de pierres blanches,

Où un voyageur pourrait geindre,

Et en une seule phrase

Graver tout ce qu’on sait.

Qu’un autre pourrait lire,

Dans une nécessité extrême,

Je sais un ou deux

Vers qui feraient l’affaire,

Littérature qu’on pourrait diffuser

Par tout le pays,

Qu’un homme pourrait se rappeler

Jusqu’au décembre suivant,

Et relire au printemps,

Après le dégel,

Si l’envie vous prend

De quitter votre demeure,

Vous pouvez faire le tour du monde

En suivant la vieille Route de Marlborough.

 

Henry David Thoreau, De la marche, Paris, Mille et une nuits, 2003, p. 21-24. Texte paru pour la première fois dans la revue Atlantic Monthly 1862. L’Old Marlboro Road pourrait être le nom que Thoreau donne à l’ancienne Carlisle Road à Concord.

L’illustration apparaît sur le site en langue anglaise que la ville de Maynard consacre au poème de Thoreau.

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