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Vous étiez enfant au Québec durant les années 1950 et 1960…

Vous avez assurément passé quelques heures devant la télé avec le Grand-père Cailloux, qui vous invitait dans son Grenier aux images. Cet homme fut précieux pour plusieurs enfants, à qui il savait parler.

Né le 30 mai 1920 à Issoudun, en France, André Cailloux étudie en philo et en histoire de l’art médiéval. Il se produit par la suite en Suisse et en France comme magicien, chanteur et comédien. Et il fait le choix du Québec en 1951, alors qu’il se joint aux Compagnons du Saint-Laurent, du père Paul-Émile Legault.

Il est l’un des principaux artisans de la télé d’expression française pour les jeunes. Il a aussi écrit, beaucoup pour les enfants, mais à l’occasion pour adultes.

Je viens de mettre la patte sur son premier ouvrage, un livre de poésie publié en 1958. Un repos, dirais-je. Et un héros du temps, du théâtre, du cinéma et de la radio, Guy Mauffette, célèbre pour son émission Le Cabaret du soir qui penche à la radio de Radio-Canada, le dimanche soir, pendant plusieurs années, préface l’œuvre.

Ses couleurs sont celles du Berri : généreux, économe, exigeant, farouche, tranquille et doux. Agile comme l’oriental. Un enfant démesuré. Un artiste. Un poète. Un têtu. Un caillou.

Quand, au coin d’une rue, il contemple un feu (car il contemple, il ne regarde pas), on le dirait au pied d’un désert, au pied d’une montagne, au pied de la mer. À ce moment, il porte le costume de tous les peuples. Ses mains, involontaires, grattent trois accords. Allument trois bâtons d’encens. Le sol et le ciel qui le soutiennent attendent sa décision. Vert, jaune, rouge : la marée des pauvres, les sables de la richesse, l’amour du Donné. Il passe au rouge. Soulève des klaxons, de la rumeur, de la critique. Il passe tout de même. Lentement.

 André Cailloux. Grand-père Cailloux ! L’homme au chandail, l’homme au haut de forme ; le garçon qui s’est amené de France en Canada et qui, en un rien de temps, a su convaincre. Le garçon qui s’est allié des pères Legault. Le garçon qui s’est gagné des amitiés valables. Le garçon qui « bat la pâte à plein bras », qui sait boulanger le froment de sa propre enfance et l’offrir, invisible panier au bras, aux enfants de son pays d’adoption.

 André Cailloux, à qui nous devons déjà un personnage parmi nous.

André Cailloux, l’ouvert et le fermé.

André Cailloux l’inquiet, le tourmenté, l’aimant et le sagace.

André Cailloux, mon ami.

 

Guy MAUFFETTE.

 

André Cailloux, Fredons et couplets, Montréal, Beauchemin, 1958, p. 7s.

La photographie d’André Cailloux apparaît sur le site de L’Île.

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