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Une histoire de la nuit

Il y aurait place au Québec pour une histoire de la nuit, mais jamais personne ne s’y est lancé. Le médiéviste français Jean Verdon, lui, l’a réalisée de son côté. Même qu’il nous emmène dans la chambre des nouveaux époux.

Les femmes mènent la jeune mariée à la chambre nuptiale. Parents, amies, voisines l’assistent. Une des Cent nouvelles nouvelles énumère les phases de son coucher : déshabillage par les femmes — inverse de l’habillage du matin —, leçon d’éducation sexuelle. Si la jeune épouse est ignorante, le mari doit être capable de « se gouverner sagement ». […]

Des documents attestent l’usage d’aller entendre le « contenement » des époux. Un jeune homme de Pitre, dans le baillage de Rouen, va à la nuit tombée « par manière de divertissement écouter par dehors l’hôtel dudit épousé le « contenement » de lui et de son épouse sans vouloir mal faire, mais pour avoir le vin ». À la place du vin, il reçoit de l’eau chaude. […]

L’auteur du Ménagier de Paris donne à sa jeune épouse de précieux conseils relatifs à l’entretien de la chambre conjugale qui doit accueillir le mari au retour de ses voyages, ce mari qui sera « bien couché, dans des draps blancs, avec un bonnet de nuit blanc, bien couvert de bonnes fourrures et assouvi des autres joies et ébattements, privautés, amours et secrets que je cèle ».

En hiver, l’époux aura bon feu sans fumée et « entre vos mamelles bien couché, bien couvert et là ensorcelez- le », c’est-à-dire faites son plaisir.

 

Jean Verdon, La nuit au Moyen Age, Paris, Éditions Perrin, 2009, p. 192s., 201.

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