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Il n’est vraiment pas facile de comprendre le fleuve Saint-Laurent quand arrive la fin de mars !

Nous sommes à Montréal.

On ne se prépare pas encore à la débâcle prochaine, car tout fait prévoir un retard.

On commence le déblaiement sur les quais. Les traverses ne sont pas encore fermées entre les localités riveraines. Si le danger existe quelques jours [sic], les autorités, sans offrir une police d’assurance aux audacieux, sauront prémunir les particuliers, s‘ils ne veulent pas payer d’audace.

Hier soir, on enregistrait 30 pieds à la ligne d’étiage. C’est donc 42 pieds et 3 pouces pour la hauteur de l’eau dans le chenal entre Québec et Montréal. L’eau monte, à quand la débâcle ? Les paris commencent à s’établir.

Le travail du bateau brise-glace « Montcalm » aura son effet à Québec, comme le prétend le capitaine Biley, du bureau des pilotes.

Au lac St-Louis [légèrement en amont de Montréal], il ne pourrait que donner un service effectif à condition d’avoir à son crédit l’effet de la marée, qui se fait ressentir jusqu’à Batiscan, lors de l’équinoxe.

La glace, selon la version des navigateurs expérimentés, se solidifie à l’automne sur le fond de vase et le « Montcalm » aurait forte besogne à faire pour l’enfoncer dans un chenal aussi étroit que celui entre Montréal et Québec.

Il faudrait que le « Champlain » viendrait l’aider [sic] pour faciliter la besogne, vu que le va et vient des deux steamers dans le chenal pousserait les glaçons vers le golfe.

Ici, on vient de constater à la Commission du Port qu’entre deux couches de glace coule un ruisseau. Cela s’explique par les grands froids de l’automne dernier, où il n’y avait pas de neige.

Le fleuve fut bientôt emprisonné. Vinrent les tempêtes hivernales et les nombreuses chutes de neige. Une congélation se forma de nouveau lors des jours froids de janvier 1905. C’est cette couche de neige qui se désagrège maintenant d’une manière imperceptible. Cela veut dire que la débâcle peut arriver à un moment inattendu, et sans donner aucun soupçon. On s’aperçoit déjà du travail de désagrégation qui se fait lentement, mais sourdement.

 

Le Canada (Montréal), 30 mars 1905.

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