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L’humaniste, naturaliste et entomologiste Jean-Henri Fabre (1823-1915) rend hommage au crapaud. Pour les jeunes

Le crapaud est inoffensif, mais ce n’est pas assez pour le recommander à notre attention. C’est encore un auxiliaire d’un grand mérite, un glouton avaleur de limaces, de scarabées, de larves et de toute vermine.

Secrètement retiré le jour sous la fraîcheur d’une pierre, dans quelque trou obscur, il quitte sa retraite à la tombée de la nuit pour s’en aller faire sa ronde en se traînant, cahin-caha, sur son gros ventre. Voici une limace qui se hâte vers les laitues, voici une courtilière qui bruit sur le sol de son terrier, voici un hanneton qui met ses œufs en terre. Le crapaud vient tout doucement, il ouvre sa gueule semblable à l’entrée d’un four, et en trois bouchées les engloutit tous les trois avec un claquement de gosier, signe de satisfaction. Ah ! que c’est bon, que c’est donc bon ! À d’autres, s’il y en a.

La ronde continue. Quand elle est finie, au petit jour, je vous laisse à penser ce que doit contenir en vermine de toute sorte le spacieux ventre du glouton. Et l’on détruit la précieuse bête, on la tue à coups de pierre sous prétexte de laideur !

Enfants, vous ne commettrez jamais pareille cruauté, sottement nuisible; vous ne lapiderez pas le crapaud, car vous priveriez les champs d’un vigilant gardien. Laissez-lui faire en paix son métier de destructeur d’insectes et de vers.

 

J.-H. Fabre, Le Livre des champs, Entretiens de l’oncle Paul avec ses neveux sur les choses de l’agriculture, Paris Librairie Delagrave, 1926, p. 375s.

L’illustration accompagne ce texte dans l’ouvrage.

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