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À mon marché d’alimentation

J’entre et fais face à une jeune caissière nouvellement arrivée, une brassée de paniers de plastique. Elle me fait signe de passer, mais je lui propose plutôt de poursuivre son travail, que j’attraperai un de ses paniers à mon passage.

Après à peine quelques pas vers le comptoir des oranges, je l’entends à voix basse dire : Te plaît-il de travailler ici ? Et le très jeune homme de répondre quelque chose d’inaudible. À quoi elle rajoute : Et tu vois, nous sommes ensemble.

 

Quelle beauté que ce court échange de quelques instants ! Bien sûr, c’était un Je t’aime. Ces enfants avaient emprunté la fêlure pour gagner le second degré, défiant pour une poignée de secondes la grande banalité habituelle des jours.

Parfois des gens me demandent Qu’entendez-vous par second degré ? C’est sortir de ses foutues pantoufles qui nous ont eus par l’habitude, la répétition du geste, du dire, qui jamais ne cesse, avec l’ennui tout au bout.

Le second degré, c’est d’arriver rapidement à faire taire le « sentir obligé de parler » lorsque non nécessaire.

Le second degré, c’est une quête de richesse autre que ce que le quotidien nous offre habituellement. Une toute autre lecture du moment, comme l’enfant sait le faire très souvent sans même que cela ne lui fut enseigné. L’enfant est ailleurs, là-bas, de manière naturelle.

Le second degré apaise, réconcilie.

Un maître ? L’écrivain français Jacques Prévert.

Il n’existe pas de manuel. Il vous faut retrouver votre enfance, ce temps où un caillou pouvait être un camion et une poupée de chiffon votre confidente.

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