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De l’écrivain Georges Perros (1923-1978), né à Paris, mais qui a beaucoup vécu en Bretagne

Ce que je voudrais dire, sans cesse, est très simple. C’est qu’il y a, tous les jours, quelque chose qui interrompt l’aventure sociale, sentimentale, intellectuelle, qui laisse son homme en plan, stupéfait, quel qu’il soit, quoi qu’il fasse. Il faut remettre ses bottes.

Me voilà en fraternité absolue avec les animaux, la nature, le monde muet.

Drôle, cette façon qu’ont les urbains de dire aux types qui ont choisi la nature : misanthropie, aigreur, etc. Quel compliment ils se font !

Vivre me saoule.

Être bon, oui. Avec qui ? Qui va supporter ma bonté ? Viens, mon chien.

L’amour, c’est la dépendance de l’indépendance.

Les humains se regardent comme s’ils ne s’étaient jamais vus. Les animaux, c’est le contraire.

On meurt tous jeunes.

J’aurai donc passé une grande partie de ma vie du mauvais côté du zinc à regarder, à désirer comme un fou la fille du patron qui servait.

Je ne dirai jamais de mal de la littérature. Aimer lire est une passion, un espoir de vivre davantage, autrement, mais davantage que prévu.

On n’écrit pas parce qu’on est fou. Mais pour ne pas le devenir.

Image de notre monde : Assis sur un banc, un homme rouge regarde les photos d’un magazine porno. À côté de lui, nue, une femme délicieuse.

Dieu. C’est un mot dont on devrait pouvoir se passer. Il a donné lieu à trop de poussées de fanatisme, d’intolérance.

On vient peut-être plus de quelque chose que de quelqu’un.

Ce qu’il y a d’horrible chez les hommes politiques comme chez les flics, c’est qu’ils donnent l’impression d’avoir été faits pour ça.

Je croise des femmes. Tiens une femme ! Elles me regardent comme si j’étais une vache. Je n’imagine plus qu’une femme puisse me regarder autrement que comme si j’étais une vache. C’est gai.

 

Georges Perros, Papiers collés III, Paris, Gallimard nrf, 1978.

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