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Le grand plaisir d’une quête

Durant les années 1970, qui voulait entreprendre une recherche de la sagesse, une grande réflexion sur ce que nous sommes là à vivre, une quête de soi, pouvait se constituer une riche bibliothèque. Des livres autant sur la nature que la philosophie, des ouvrages sur les rythmes circadiens comme des cris poétiques. Tout avait place. Appuyé à l’occasion par la musique et le cinéma, dont celui d’Alejandro Jodorowsky.

Bien sûr, c’était inévitable, se sont glissés des fumistes dans le lot, l’humanité étant ce qu’elle est, et d’autres, qui ont perdu aujourd’hui toute influence, sont disparus, n’ont pas suivi, ont beaucoup vieilli dans le monde vécu maintenant.

Mais il y eut une richesse de productions. Le romancier, poète et essayiste Hermann Hess (1877-1962) fut ressuscité. Siddhartha, Le Loup de steppes, Le Jeu des perles de verre revirent le jour. Il y avait là des sentiers à emprunter en effet.

Chacun ne pouvant trouver que seul sa voie, Siddhartha quitte la maison de son père et prend la route à la rencontre d’éveilleurs. Ses acquis sont multiples, même sexuels. Il croise, par exemple, la belle Kamala qui lui enseigne l’art de l’amour, l’exerce dans le culte du plaisir, où, plus que n’importe quel autre, donner et recevoir ne sont qu’une même chose. Extraits.

En amour, il était ignorant comme un enfant et enclin à se précipiter aveuglément dans les plaisirs des sens comme dans une eau sans fond. Elle lui apprit à ne point prendre un plaisir sans en donner un lui-même en retour ; elle lui enseigna que chaque geste, chaque caresse, chaque attouchement, chaque regard devaient avoir une raison, et que les plus petites parties du corps avaient leurs secrets, dont la découverte était une joie pour celui qui savait la faire. Elle lui apprit qu’après chaque fête d’amour les amants ne devaient point se séparer sans s’être admirés l’un l’autre. […]

Une fois il lui dit :

• Tu es comme moi, tu ne ressembles point à la plupart des autres créatures. Tu es Kamala, pas autre chose, et en toi il y a un asile de paix où tu peux, à ton gré, te réfugier et t’installer en toute commodité, comme je puis le faire en moi-même. Bien peu d’hommes ont cette ressource et cependant tous pourraient l’avoir. […]

Presque toutes les créatures, ô Kamala, ressemblent à la feuille qui, en tombant, tournoie dans l’air, vole et chavire en tous sens avant de rouler sur le sol. D’autres, au contraire, le petit nombre, ressemblent aux étoiles ; ils suivent une route fixe, aucune bourrasque ne les en fait dévier ; ils portent en eux-mêmes les lois qui les régissent.

 

Hermann Hess, Siddhartha, traduit de l’allemand par Joseph Delage, Paris Bernard Grasset, 1975. L’illustration est le quatrième de couverture de ce livre.

5 commentaires Publier un commentaire
  1. Ode #

    Souvenir d’une belle lecture !

    10 mars 2017
  2. Francine Lessard #

    Bonjour!

    J’ai découvert Hermann Hesse sur le tard et j’ai lu plusieurs de ses ouvrages. Drôle de hasard, en ce moment je lis Le loup des steppes! Il fit également de bien belles aquarelles.
    Pour ce qui est de Jodorovwsky, avez-vous lu Cabaret mystique? Une recherche de la sagesse à travers la blague! Un très bon livre que j’aime relire.

    Bon dimanche!

    12 mars 2017
  3. Jean Provencher #

    Vous ai-je dit, chère Francine, que je ne crois pas au hasard. Encore cette semaine, je discutais avec l’un de mes éditeurs, celui avec qui, et son équipe, nous avons bâti mon grand livre. Et nous échangions justement sur ce que nous disons être le hasard.

    Et lui de son côté, comme moi du mien, nous constatons que la vie a des ruses, des chemins qu’elle emprunte et que nous commençons à peine à découvrir, si nous sommes attentifs. Un monde fascinant nous attend, lui et moi en sommes convaincus. Si nous sommes, bien sûr, le moindrement disponibles.

    Merci pour Jodo, je ne connais pas, je vais avoir à l’œil cet ouvrage.

    P.S. J’ai un collègue qui aimerait l’inviter à Québec.

    12 mars 2017
  4. Francine Lessard #

    Oui c’est vrai! Les coïncidences se font nombreuses si on est attentif. Un genre de toile qui existait bien avant Internet à travers laquelle voyagent nos pensées qui se croiseraient à certains carrefours? Comme on dit parfois, tout est dans tout!!

    12 mars 2017
  5. Jean Provencher #

    «… qui existait bien avant internet… » comme Vous dites !

    12 mars 2017

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