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Des hivers parfois fort rigoureux

Les dispensaires et même les salles des hôpitaux sont encombrées par le grand nombre de malades souffrant d’engelures.

Quelquefois, le cas est assez bénin, mais il prend souvent aussi un caractère des plus graves.

Ainsi, à 11 heures et demie, cet avant-midi, l’ambulance de l’hôpital Notre-Dame allait recueillir à la gare Viger deux victimes du froid et des tempêtes qui ne cessent de sévir depuis quelque temps.

Adolphe Robidoux, garde-chasse et pêche, dans le comté de Terrebonne, aux alentours de Saint-Jovite, 76 ans, est amené, ce matin, à la gare Viger, par le train du Pacifique.

Robidoux a la figure, les pieds et les mains gelés.

Sans être désespéré, son cas est considéré comme un des plus graves.

Mme Adolphe Robidoux — Mlle Brosseau — de Laprairie, 48 ans, est dans un état comateux et ne survivra pas aux terribles engelures qu’elle porte aux membres supérieurs et inférieurs, ainsi qu’à la figure.

M. et Mme Robidoux ont été amenés à l’hôpital sur ses lits de camp. Tous deux sont privés de connaissance et leur état est des plus pénibles à voir.

Voici les renseignements que nous avons pu nous procurer.

Les malheureux époux vivaient dans leur campement, et se trouvaient presqu’isolés. Ayant voulu rendre visite à un voisin demeurant à quelques milles de leur demeure, ils se seraient perdus en route et, épuisés par la fatigue et par le froid, après avoir accompli le dernier effort qui nous pousse à la conservation, se seraient endormis du fatal sommeil.

Partis de leur habitation mardi dans l’avant-midi, les époux Robidoux n’ont été trouvés qu’hier soir [jeudi] par des voisins.

«Ils se sont écartés dans les bois et se sont gelés dans 8 pieds [près de 2 mètres et demi] de neige» nous a-t-on dit.

On imagine quelles ont dû être les souffrances et les angoisses des deux infortunés.

Lui, surtout, un vieux trappeur, à ce qu’on dit, habitué à braver tous les temps, à se moquer de tous les froids, quelles tortures de se sentir perdu dans la tourmente, de voir qu’il ne peut même être d’aucun secours pour celle qui l’accompagne.

Des détails plus précis arriveront sans doute aujourd’hui, jetant plus de jour sur cette malheureuse et tragique histoire.

 

La Patrie (Montréal), 7 février 1908.

Le lendemain, le journal annonce que la dame est décédée durant la nuit et que l’époux est «dans un état qui inspire les plus grandes inquiétudes».

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