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Les démunis de la ville

Sous le titre «Ce que l’on souffre et ce que l’on peut souffrir», celui qui signe Un ami des pauvres propose cette réflexion.

Un jour, un citoyen de Québec frappe à la porte d’une maisonnette dont l’intérieur n’annonçait rien moins que la richesse. C’était au mois de janvier. Il entre et voit près d’un poêle sans feu avec huit petits serrés contre elle et criant «Maman, j’ai froid». C’était à briser le cœur le plus dur. Le buffet était sans pain et la neige pénétrait à chaque rafale dans ce triste réduit.

Le citoyen mêle un instant ses pleurs aux larmes de cette famille. Puis d’un air affable : «Je reviendrai bientôt». Il revint en effet quelques minutes après avec du bois et du bouillon. Il fit ensuite entrer cette famille sur la liste des pauvres de sa conférence (il était membre de la Saint-Vincent de Paul) et plaça les deux ainés à l’école du Patronage qui leur donna un repas par jour et les habilla, c’était tout ce que ces enfants prenaient dans la journée.

Cette histoire n’est pas de fantaisie; elle se renouvelle, au moins dans ces grandes lignes, tous les hivers dans nos villes : voilà ce que l’on souffre. Il me semble que nous, citoyens de Québec, nous pouvons souffrir la privation de quelque soirée, de quelque promenade, etc.; bien habillés, nous pouvons affronter le froid de la saison, supporter l’inconvénient d’un petit voyage pour soulager les souffrances de nos pauvres; les autres œuvres de charité s’alimentent de la libéralité de tout le diocèse, nous, citoyens de Québec, nous sommes les seuls soutiens de l’œuvre du Patronage : si nous la négligeons, elle souffre, si nous l’abandonnons, elle périt. Redoublons donc de zèle, rendons-nous en masse à la Salle Victoria, rue Ste-Anne, Haute-Ville, où se tient le bazar du Patronage.

Un ami des pauvres.

 

Le Canadien (Québec), 25 janvier 1882.

La photographie d’un camion d’Emmaüs prise vers 1950 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds L’Action catholique, dossiers de documentation du journal, Documents iconographiques, Cote : P428,S3,SS1,D5,P7.

Même champion de la pauvreté, mon père travaillait à l’occasion pour la Société Saint-Vincent de Paul. Un jour, sans doute pour me montrer qu’il y avait encore plus pauvre que nous, il m’a demandé de l’accompagner, en bus car nous n’avions pas d’auto, avec un panier de vivres chez une famille de la rue Denoue. Il avait raison, il y avait pire que nous.

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