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Le spectre à la lanterne rouge

Nous le disions, la presse québécoise de 1880 à 1910 aime faire écho aux phénomènes paranormaux qui se passent ici ou à l’étranger. Cela fait sans doute vendre.

Il n’est question, depuis quelques jours à Waltham, Mass., que de M. Walker, une des plus riches propriétaires de la localité, mort depuis quelque temps, et dont le spectre se montre, affirme-t-on, chaque nuit, sur un lac qui se trouve au milieu de la propriété.

Les sœurs Walker, héritières du défunt, émues de la crise ouvrière et voulant donner du travail au plus grand nombre d’ouvriers possible, ont entrepris de grands embellissements et améliorations dans la propriété.

Elles ont voulu notamment faire curer un grand lac qui s’y trouve enclavé et ce dernier travail devait se poursuivre nuit et jour sans interruption. Or, la première nuit, tous les ouvriers qui y étaient employés ont quitté leur ouvrage, disant qu’ils renonçaient à l’entreprise. Une nouvelle équipe a été organisée pour la nuit suivante, mais les nouveaux ouvriers se sont retirés à leur tour comme les premiers.

On a ouvert une enquête et tous les ouvriers ont déclaré qu’à minuit, les portes du chalet construit sur le bord du lac et dans lequel on enferme les canots, se sont ouvertes soudainement, comme mues par une puissance occulte et livrant passage à M. Walker en personne.

Celui-ci, muni d’une lanterne rouge, est descendu sur un canot et, prenant les rames en main, s’est dirigé vers l’autre rive du lac. Les ouvriers ont été tellement effrayés à la vue du spectre de M. Walker qu’ils se sont enfuis et aucun d’eux ne voudrait pour rien au monde retourner sur les bords du lac pendant la nuit.

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’en dépit du nombre des ouvriers sans travail, les sœurs Walker ne peuvent trouver à Waltham ni dans les environs d’hommes qui veulent se charger se curer le lac pendant la nuit.

 

Le Canada français (Saint-Jean-sur-Richelieu), 20 janvier 1894.

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