Dans la société, le paranormal peut vraiment prendre toutes les couleurs

J’oubliais tout l’univers des porte-bonheur, appartenant au monde des superstitions, auxquels les gens attachent souvent foi : fétiches, bijoux, breloques, grigris et quoi encore. Madame D. de Thèbes [pseudonyme d‘Anne-Victorine Savigny (1845-1916)], voyante et chiromancienne française, invite les lecteurs dans ce monde. L’Album universel (Montréal) lui donne la parole le 30 décembre 1905.

Peut-être écrirai-je un jour une histoire des amulettes et des talismans.

Je suis obligée de me contenter d’affirmer ici, d’après des traditions millénaires, la vertu secrète de certains présents.

Le gui, pour sa part, est excellent, s’il n’apporte pas le bonheur, il apporte au moins l’espoir du bonheur. C’est déjà quelque chose. Offrez donc du gui à ceux que vous aimez. Vous les préservez des maladies nerveuses, vous éloignez les mauvais esprits; mettez du gui au berceau, et vous n’aurez plus à redouter des convulsions pour le mignon bébé qui dort dans ce nid. Attachez le rameau avec un ruban pourpre, couleur qui est un emblème de force et de réussite. Voilà un cadeau simple et délicat.

Voulez-vous faire les choses plus grandement ? Cherchez un scarabée. Aucune amulette n’est plus célèbre ni plus efficace. Vous l’offrez monté à votre gré : en bague, en boucle, en épingle de cravate ou de chapeau. Rien ne préserve mieux des maléfices et de la «fâcheuse guigne».

J’aime aussi l’œuf en corail porté en pendeloque ou en breloque. Les Gaulois assuraient qu’il garantit des accidents et surtout des blessures par le fer. Excellent pour les militaires et les personnes qui prennent souvent le train.

Mais le porte-bonheur que le préconise le plus, c’est celui que je porte, l’éléphant : un petit éléphant que j’ai fait tailler spécialement pour moi, dans une pierre de sardoine, et qui jamais ne me quitte.

Il faut que ce bijou soit en matière blanche, mais non en ivoire, qui est un porte-malheur aussi violent que l’opale.