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Poésie et calligraphie

Un jour, l’éditeur Albin Michel propose un projet à François Cheng, spécialiste de l’art et de la poésie de son pays d’origine, la Chine, et à madame Fabienne Verdier, diplômée de l’École des beaux-arts de Toulouse et de l’Institut des beaux-arts de Sichuan, le projet de marier leurs talents dans le cadre de la collection Les Carnets du calligraphe. Et ils acceptent.

Ils produiront un joli petit ouvrage illustré par madame Verdier, inspiré des textes chinois choisis par Cheng chez les poètes de la dynastie des Tang. Malheureusement, il sera impossible de rendre compte de la vraie beauté de ce livre, les calligraphies de madame Verdier s’entremêlant avec les choix de Cheng. Il vous faudra mettre votre griffe autrement sur cette publication.

Mais arrêtons-nous à quelques textes des poètes, choisis par Cheng.

À monsieur le magistrat Zhang

 Sur le tard je n’aime

que la quiétude.

 

Loin de mon esprit

la vanité des choses.

 

Dénué de ressources,

il me reste la joie

 

De hanter encore

ma forêt ancienne.

 

La brise des pins

me dénoue la ceinture;

 

La lune caresse les sons

de ma cithare.

 

Quelle est, demandez-vous,

l’ultime vérité ?

 

Chant de pêcheur,

dans les roseaux, qui s’éloigne…

 

Wang Wei

* * *

Buvant seul sous la lune

 

Pichet de vin, au milieu des fleurs.

Seul à boire, sans un compagnon.

Levant ma coupe, je salue la lune :

Avec mon ombre, nous sommes trois.

La lune pourtant ne sait point boire.

C’est en vain que l’ombre me suit.

Honorons cependant ombre et lune :

La vraie joie ne dure qu’un printemps !

Je chante, et la lune musarde,

Je danse, et mon ombre s’ébat.

Éveillés, nous jouissons l’un de l’autre;

Et ivres, chacun va son chemin…

Retrouvailles sur la Voie lactée :

À jamais, randonnée sans attaches !

Li Po

* * *

Temple du sommet

 

 Temple du sommet, la nuit :

Lever la main et caresser les étoiles.

Mais chut ! baissons la voix :

Ne réveillons pas les habitants du ciel.

Li Po

* * *

La gloriette aux bambous

 

Seul assis au milieu des bambous,

Je joue du luth et siffle à mesure;

Ignoré de tous, au fond des bois.

La lune s’est approchée : clarté.

Wang Wei

* * *

Sur le mont du mandarin de cuivre

 

Mandarin de cuivre,

haut lieu de ma joie.

 

Mille ans j’y resterais,

sans l’ombre d’un regret.

 

Je danse à ma guise ;

ma manche flottante

 

Effleure d’un coup

tous les pins des cimes !

Li Po

 

François Cheng, Poésie chinoise, Calligraphie de Fabienne Verdier, Paris Albin Michel, 2000.

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