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Sont-ce les cris des trépassés ?

les-oies-de-saint-laurentNous sommes ici à Saint-Laurent, sur la rive sud de l’île d’Orléans, en aval de Québec.

L’histoire nous dit que Rome fut jadis sauvée par les oies du Capitole et, malgré la mauvaise réputation faite à ces volatiles au point de vue intellectuel, on doit reconnaître que souvent, plus tard, elles ont rendu service à leurs calomniateurs.

Voici une aventure qui doit figurer, en effet, encore à leur crédit.

Pendant la nuit de vendredi, alors que tous les paisibles citoyens du village de St-Laurent étaient sur le point de chercher dans le sommeil l’oubli des misères de la vie, des cris effroyables, des cris de détresse se firent entendre.

Ces clameurs partaient d’une maison inhabitée et, si les habitants avaient été superstitieux, ils auraient pu croire que c’était les âmes des trépassés qui, dit-on, profitent du mois de novembre pour venir faire de temps en temps un tour sur la terre.

Mais les gens de St-Laurent ne reculent pas facilement et c’est avec énergie qu’ils se précipitèrent du côté suspect.

Ils trouvèrent dans l’immeuble inhabité deux individus et six oies. L’un des deux tramps réussit à s’enfuir par une fenêtre, mais l’autre fut arrêté.

C’est un nommé Moïse Bergeron. Les oies avaient été volées chez M. J. Lebeau, cultivateur.

 

Le Sorelois, 30 novembre 1886.

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