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«L’agriculture seule procure le vrai bonheur»

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Voilà un peu plus de 100 ans, l’urbanisation s’accélère au Québec. Mais il y a résistance, du genre «Ne partez pas travailler dans les manufactures de la Nouvelle-Angleterre» ou «Pourquoi donc déménager en ville».

À la une du quotidien La Patrie, un Trifluvien qui signe X. N. fait l’éloge de la vie à la campagne. Extraits.

L’homme qui vit de l’agriculture possède les jouissances de la paisible aisance et l’agriculture seule procure le vrai bonheur.

Une paroisse bien administrée, et qui cultive avec intelligence, est une grande famille dont les membres ont des intérêts communs; la plus grande harmonie règne entre les citoyens; on se connaît, on se voit avec plaisir, les affaires se règlent à l’amiable et l’on vit comme des frères. À la campagne, l’on jouit d’une paix parfaite; l’oreille n’entend que le murmure du ruisseau, le chant des oiseaux et la voix forte du cultivateur qui cultive son champ et qui rentre à la maison en chantant, sa journée terminée.

À la ville, c’est différent; on vit au milieu d’étrangers, on ne connaît pas son voisin; on trouve sous le même toit des personnes qui ne s’adressent jamais la parole. L’on n’entend que le bruit assourdissant des voitures, les cris des charretiers et les clameurs de la foule qui se presse et se heurte, sans compter la poussière qui nous aveugle et nous étouffe. L’état du citadin ne vaut pas celui du paysan. […]

La véritable liberté qui rend l’homme heureux […] est bien celle qui est l’apanage d celui qui cultive la terre de ses pères ou travaille avec courage pour faire vivre sa famille comme il faut. Le cultivateur qui comprend bien les avantages de son état est vraiment indépendant. C’est un homme qui n’a besoin de personne, et dont tous les autres états doivent tenir compte. […]

Les hommes de profession instruits et honorables sont malheureux. Ils ont à lutter contre le charlatanisme, l’ignorance et les préjugés de la multitude. […] En bien des cas pour vivre, il faut faire d’une profession honorable un métier de charlatan, susciter des chicanes, créer des procès, distribuer à tâtons des médecines, assiéger nos législatures, etc. Pour éviter la misère, on met de côté, hélas, trop souvent, tout sentiment d’honneur et de dignité. Dévorés par les remords, méprisés des gens de bien, ces personnages sentent le poids de la réprobation peser sur eux; ils sont à charge à eux-mêmes et à la société. N’aurait-il pas été mieux pour ces pauvres gens de manier la charrue ou le rabot ?

 

La Patrie (Montréal), 27 novembre 1903.

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