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À Montréal, chasser l’écureuil est interdit sur le mont Royal

ecureuil-rouxParmi les milliers de personnes qui aiment se promener pendant la belle saison sous les frais ombrages du mont Royal, il n’en est cependant pas une qui n’ait remarqué les nombreux écureuils qui peuplent ses bosquets.

Combien de fois, le promeneur, captivé par les grâces agiles de ces gentils petits animaux, ne s’est-il pas attardé à côté du sentier, à observer les joyeuses gambades des écureuils, à leurs sauts périlleux, du sommet d’un chêne géant au flexible rameau d’un arbre voisin ?

Qui ne les a vus, pris de panique au bruit des pas d’un être humain, grimper au tronc des arbres, s’asseoir à l’enfourchure de deux rameaux, et de là, la queue touffue relevée en panache, regarder comme avec un air de moquerie le passant qui les avait effrayés.

Les écureuils sont un des plus poétiques attraits de notre mont Royal, et la loi, soucieuse de leur existence, étend sur ces inoffensifs habitants des bois sa complaisante protection. Il est en effet interdit d’attaquer, sous un prétexte quelconque, et de les détruire, et Jos. E. Serre, domicilié rue Cadieux, 860b, a payé cher, hier, son ignorance de la loi sur ce chapitre.

Une partie considérable de la montagne se trouve compris dans les limites d’Outremont. C’est là que, dimanche, Serre s’était allé promener, avec, entre les mains, une carabine de petit calibre.

Il se lança à la poursuite des écureuils et, comme ils pullulent à peu près partout, il n’eut qu’à tirer autour de lui. Serre manqua nombre d’écureuils qui durent leur salut à son manque d’adresse, mais il réussit à en tuer trois qu’il rapportait triomphant lorsqu’il fit la rencontre d’un garde-champêtre.

Pris pour ainsi dire en flagrant délit, les dépouilles et l’arme meurtrière entre les mains, Serre n’eut pas à fournir de longues explications et fut de ce pas conduit au poste de police d’Outremont, où il ne recouvra sa liberté qu’après avoir promis d’être présent le lendemain pour subir son procès.

Serre a donc comparu devant le maire Joyce, qui, après une verte semonce, l’a condamné à payer une amende de $8 et les frais, $2.

Cette leçon servira probablement à une foule de jeunes gens qui fréquentent la montagne durant la belle saison et l’automne, et dont la conscience n’est pas absolument sans reproche sur le même point.

 

La Patrie (Montréal), 16 novembre 1906.

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