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La chanson demeure, mais son auteur est disparu

lysandre

Dramaturge, librettiste et poète, Pierre-Jean-Hyacinthe-Adonis Galoppe-Donquaire s’est donné comme nom d’emprunt Cléon Galoppe d’Onquaire. Il est né le 16 avril 1805 à Montdidier, dans la Somme, en France, et il décède le 9 janvier 1867.

Qui sait que, dans son opérette en un acte Bredouille (1864), apparaît la chanson Ça fait peur aux oiseaux, à laquelle on donne, à l’occasion, le titre de Lisandre ou Lysandre. La musique est de Paul Bernard (1827-1879). Et comment un jour est-elle entrée au Québec ? Et en Acadie ? Chose certaine, elle semble avoir plu.

Sauf au jeune Charles-Marie Ducharme (1864-1890), notaire et auteur de contes. Dans l’hebdomadaire montréalais Le Monde illustré, édition du 12 octobre 1889, il démolit les propos, phrase après phrase, de celle qu’il nomme Naïva, et termine ainsi son billet :

Enfin, Naïva a trouvé un moyen de se débarrasser de Lisandre. Il lui demande un baiser, elle lui en donne deux, non par amour, mais par politique. En ne lui en accordant qu’un, il en aurait demandé un deuxième et peut-être un troisième; en lui en laissant deux tout de suite avec l’excellente recommandation de ne pas les allonger, et de les prendre bien vite, elle sauve du temps et des oiseaux. Et de crainte que Lisandre s’y méprenne encore, elle s’empresse d’ajouter : Retournez aux pipeaux, en d’autres termes : «Allez vous promener», ou en bon canadien : «Allez au balai, M. Lisandre !» On ne saurait éconduire un galant plus sommairement.

Et l’auteur voudrait nous faire croire, après cela, que celle qui traite Lisandre de bavard, de pas d’esprit, et qui l’envoie ainsi se promener, est une naïve ! et que son refrain d’occasion lui va comme un gant !

Passez, l’ami, on connaît votre recette.

Vous avez mis une naïveté, quelques rimes et un rouleau de fil blanc dans un moule à strophes, et au feu de votre imagination, on a vu naître cette chansonnette perle que soprani et ténors roucoulent sans cesse dans nos salons, au grand scandale des Parnassiens.

Vraiment et sans calembourg,

 Ça fait peur aux oiseaux !

 Chs. M. Ducharme.

 

Voici la belle version de l’auteur-compositeur-interprète Bertrand Gosselin. Ma mère, dans la famille, nous a appris cette chanson.

L’image coiffant cet article provient de La Bonne Chanson, dix albums sortis en 1938, du musicologue Charles-Émile Gadbois (1906-1981). Elle apparaît dans le quatrième album (151 à 200).

12 commentaires Publier un commentaire
  1. Elisabeth. B #

    Bonjour,

    merci pour cet article. J’y découvre l’histoire d’une chanson que j’aime. Vous en proposez une belle interprétation. Je me permets de vous en proposer une autre, très attachante. Celle de Nicole Louvier:

    https://www.youtube.com/watch?v=BglO9vE83aw

    14 janvier 2020
  2. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, chère Madame Elisabeth ! J’adore cette chanson.

    14 janvier 2020
  3. Denise Janelle #

    Merci de m’avoir permis de connaître l’origine de cette chanson entendue enfant et que j’aimais. Je l’interprète pour la première fois avec ma Chorale. Une belle découverte!

    9 mars 2020
  4. Jean Provencher #

    C’est une fort belle chanson. Vous avez tout à fait raison, chère Madame Janelle. En chant choral, elle doit être émouvante, ma foi. Et elle est très jeune. Pour nous, en histoire, de remonter au 19e siècle n’est pas vieux.

    9 mars 2020
  5. Il y a de nombreuses belles versions de cette « chanson », dont voici deux historiques : Edmond Clément (1867-1928), grand ténor de l’Opéra-Comique de Paris, en 1911 : https://www.youtube.com/watch?v=YVLDzS-EnvQ
    Celle de Marie Dubas, la grande chansonnière, en 1927 : https://www.youtube.com/watch?v=88ScwkQKpYU
    Et plus récent, celle de Felicity Lott : https://www.youtube.com/watch?v=zMXw2LckITU

    Le choix, quoi !

    31 mars 2020
  6. Jean Provencher #

    Merci beaucoup, Monsieur Le Roux pour cette variété de versions !

    31 mars 2020
  7. L’interprétation que je préfère est celle de Véronique Janot.
    Très poétique.

    21 septembre 2020
  8. Jean Provencher #

    Ah, merci beaucoup ! C’est une si belle chanson. Je prends plaisir à ce que nous évoquions la version que nous aimons.

    21 septembre 2020
  9. Lysandre Donaldson #

    Bonjour monsieur Provencher. Je m’appelle Lysandre, je suis une femme de 68 ans. Mon père à tellement aimé la chanson, que lors de ma naissance, il a dit à ma mère, que ce soit un garçon ou une fille, l’enfant s’appellera Lysandre. Je suis contente d’être une femme, car je trouve que le prénom est plutôt féminin. Toute ma vie, je me suis fait demander, c’est quoi ce prénom? Je l’ai épelé de nombreuses fois. Mais j’en suis très fière. Lorsque j’étais enfant et que j’allai à l’unité sanitaire de mon quartier chez le dentiste, il me chantait la chanson! Mais la plus belle version pour moi, est celle de Bertrand Gosselin.

    20 décembre 2023
  10. Jean Provencher #

    Bravo, chère Lysandre ! Bravo de vous être battue pour la sauvegarde de cette si belle chanson ! Je la chante souvent et j’aime beaucoup la version de Bertrand Gosselin, qui dit l’avoir apprise, il me semble, d’une amie des Îles-de-la-Madeleine. Tenons, tenons.

    20 décembre 2023
  11. Lysandre Donaldson #

    Monsieur Provencher, j’ai constaté sur Wikipedia que vous demeurez à Trois-Rivières. Si jamais vous rencontrez une personne dont le nom de famille est Donaldson, c’est qu’elle est de ma famille! Toute ma famille vient de Trois-Rivières! Merci pour votre commentaire.

    20 décembre 2023
  12. Jean Provencher #

    Je viens de Trois-Rivières, en effet, chère Lysandre. Je suis parti en 1964 pour étudier à l’université Laval, car il n’y avait pas d’université alors à Trois-Rivières.

    20 décembre 2023

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