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Bilan de mes pruniers en train de vaincre le nodule noir

Prune un

La Nature a pour elle le temps. Si elle a une confiance, celle-ci repose sur le temps.

Je termine la lecture d’un article long du journaliste scientifique Yves Sciama, La forêt de Harvard, laboratoire branché, paru dans le cahier Sciences et médecine du journal Le Monde, édition du 24 août 2016.

L’université Harvard, aux États-Unis, a acquis en 1907 une forêt de 1 600 hectares. Au fil du temps, ce lieu serait devenu un des grands centres écologiques du monde. Une «armada instrumentale», de hauts prix, a pour mission d’épier «chaque détail du métabolisme naturel» de cette forêt.

Jerry Melillo, membre de l’Académie des sciences américaines et directeur émérite de l’Ecosystems Center de Woods Holes (Massachusetts), affirme que des méthodes de pointe et des idées nouvelles sont apparues en poursuivant ce travail et que «la plus féconde de ces idées a sans doute été l’importance du temps long en écologie». Sciama écrit : «Explorer le passé, explorer l’avenir. Dans les deux cas, en dépit des téraoctets qui y circulent à la vitesse de la lumière, le temps long est la marque de fabrique de la Harvard Forest».

Déportons-nous maintenant à Sainte-Anasse. Le 24 août, jour de la sortie de cette édition du journal Le Monde, je vous entretenais de mes pruniers qui sont à mener une véritable lutte contre le nodule noir, un bien puissant champignon. J’entends encore le conseiller scientifique me disant en 1976 de couper tous ces arbres contaminés et de les brûler, qu’il n’y avait plus de salut pour eux. Bien sûr, il y allait de sa compétence de conseiller pour les producteurs de prune. Mais j’ai laissé ces pruniers à leur sort, prenant bonheur à chacune de leurs floraisons.

Et, cette année, à la fin du mois d’août quand même, apparaissent pour la première fois des prunes. Je viens de terminer une inspection minutieuse des lieux.

Ce sont les deux plus gros pruniers, qui ont perdu leurs épines maintenant et qui produisent des prunes pour la première fois aussi tard en saison. Ils furent probablement plantés en même temps que ce qui est devenu mon verger de pommiers. Plantés par Jos Rousseau durant les années 1920.

Un jour, allez savoir quand et pourquoi, ces pruniers furent agressés par le nodule noir. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’ils en ont bavé, absolument incapables une année après l’autre de mener leurs fruits à terme.

Et cette année, fin août, voilà une douzaine de prunes.

On ne peut pas prétendre avec ces images que le mal est vaincu. Pas du tout. On lit encore la présence du chancre. Mais il y a des arbres quelque part, dans un rang perdu, sans aucune forme d’assistance humaine, qui, avec grande patience, mènent une dure lutte.

La Harvard Forest constate que la Nature a pour elle le temps. À Sainte-Anasse, cela se voit bien également.

Ces arbres me rendent heureux, c’est certain.

 

P.S. Ils sont tout près de mon cèdre, le seul de son espèce présent dans mon grand lieu. J’ai traversé les trois ou quatre mètres qui le séparent d’eux pour lui annoncer la nouvelle.

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