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Voilà un oiseau qui aime la vie dans les hauteurs

tyran tritri un

Conservez-lui ses perchoirs, ses arbres morts, il appréciera votre chez vous, quand il est de passage, et vous pourrez l’observer plus facilement. Hommage.

On dirait un petit roi. C’est certain qu’il défend chèrement ses petits, comme l’hirondelle bicolore au nid, mais autrement il n’a pas de malice.

S’il aime les hauteurs, lui l’insectivore, c’est pour avoir une idée de la nourriture et accourir l’attraper.

On l’appelle Tyran tritri (Tyrannus tyrannus, Eastern Kingbird). Le naturaliste Claude Melançon (Charmants Voisins, 1940) l’aime beaucoup. Selon lui, dans le milieu, on le nomme simplement Tri-tri ou Batteux de corneille. Voyez comment il raconte le moment de sa vie de parent.

Sur un arbuste du bord de l’eau, dans la tête d’un vieux pommier près de la maison, sur le rebord d’un pont de bois ou entre deux perches de clôture de cèdre est installé un nid fait de débris végétaux assez lâchement assemblés, mais capitonné de radicelles, de crin et de duvet. Dans la coupe arrondie par la poitrine de la femelle reposent trois ou quatre œufs […]. Tous, maraudeurs et curieux, peuvent les voir. Les parents n’ont fait aucun effort pour les cacher.

Imprudence ? Non : bravoure confiante, mépris du chevalier à l’endroit des compromis, de la ruse et des faux-fuyants. Qu’un épervier vienne planer au-dessus du dépôt sacré, qu’une corneille essaie de le survoler, et l’on voit aussitôt se détacher d’une branche ou d’un poteau voisin un petit oiseau noir et blanc qui monte à la rencontre du rapace. La taille de ce dernier ne l’effraie pas. Elle est cinq fois, dix fois plus forte que la sienne ! Qu’importe ! il aborde l’ennemi, engage la bataille.

Sa tactique habituelle consiste à survoler l’adversaire et à le frapper du bec sur la tête. Il est trop petit pour le tuer, mais sa furie légitime en impose aux voleurs à l’instinct trouble. Ils détestent ce brave oisillon qui devine leurs mauvais desseins et ne leur permet même pas de passer au-dessus de son terrain. Ils essaient d’abord de lui échapper en faisant des acrobaties aériennes. Ils font des renversements, des glissades sur l’aile, des plongeons perpendiculaires. Peine perdue : le Tritri connaît la plupart des tours des champions de l’air. Ne les a-t-il pas exécutés lui-même, quand il faisait la cour à sa compagne et qu’il entendait la séduire par son adresse d’aviateur de chasse ?

On aura compris que, plus souvent qu’autrement, l’oiseau est victorieux. Mais, sa famille élevée, il partira bientôt, les semaines passent vite.

Après un été de moucheronnage et de duels contre des adversaires supérieurs, on comprend qu’il aspire à des vacances dans le Sud et aille, d’octobre à avril, se reposer en Amérique centrale. Mais ce serait mal connaître cet oiseau américain, débordant d’énergie, que de l’imaginer tranquille et se chauffant béatement au soleil. La raison principale de sa migration est la rareté des insectes sous notre climat de fin d’été. Le Tritri a horreur du chômage. Il va où son bec peut le mieux s’employer et continue là-bas à bien servir l’agriculture.

 

Simplement un mot pour vous dire que ce livre de Claude Melançon est charmant, que j’en ai fait cadeau régulièrement, et qu’on le trouve facilement chez les bouquinistes, l’ouvrage ayant connu de nombreuses éditions.

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