Skip to content

«Ils y ont vécu toute leur vie, comme avant eux leurs ancêtres en avaient vécu»

Gaspe, entree du port

Les Gaspésiens ont longtemps aimé vivre de la mer d’abord. Retour à quelque mois de l’année 1900.

Quelqu’un qui connaît bien la population me disait, ce matin, qu’il faudra plus de vingt ans pour décider les pêcheurs à se livrer à la culture. Quand les mois du printemps arrivent, ils ne songent point aux semailles, mais à la pêche, à la mer, au vent. Ils sont, pour ainsi dire, nés dans l’eau. Ils y ont vécu leur vie, comme avant eux leurs ancêtres en avaient vécu. Et ils comptent toujours qu’elle va leur apporter l’aisance.

La culture du sol, cela prend du temps, les produits de la terre ne poussent pas vite : le poisson mord en un instant et, quand il y en a, en quelques heures la barque est pleine.

Le clergé fait des efforts considérables pour entraîner les habitants de la Gaspésie dans une autre direction. Plusieurs d’entre eux sont fils de cultivateurs et donnent, par leur exemple et par leur parole, de fructueuses leçons d’agriculture.

L’hiver sera dur cette année. Si la pêche n’est pas meilleure qu’elle n’a été jusqu’ici. Beaucoup de terres — en fait, toutes les terres — sont hypothéquées chez le marchand et, quand un pêcheur doit $200 à $300, les mauvaises années aidant, il est dans une situation quasi désespérée. Il lui faut peu pour vivre. Mais enfin il faut quelque chose.

Ce qu’il faudrait à la Gaspésie — ce qu’il faudrait sans retard — c’est un chemin de fer, c’est une voie de communication qui permettrait le développement des industries qui peuvent s’y implanter, celle de la pulpe, par exemple. Il y a d’immenses quantités de bois de pulpe dans ce district. […]

Si la pêche continue à faire défaut, la population aura à choisir entre l’émigration et la culture immédiate du sol.

 

La Patrie (Montréal), 1er août 1898.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS