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En ville, les étés de 1900 sont tellement difficiles pour les enfants

Nos bebes meurent comme des mouchesNous jetions ces jours derniers le cri d’alarme à propos de la mort épouvantable de nos bébés. Seulement la semaine dernière, 98 sont morts.

Un employé du bureau d’hygiène a préparé une statistique démontrant que plusieurs de ces enfants qui meurent à Montréal viennent des municipalités voisines et même de l’étranger. Chez les Sœurs Grises, sur 326 enfants morts, 40 venaient des localités hors de Montréal; à la Maternité, rue St-Hubert, ce chiffre est de 206; à l’Orphelinat protestant, il est de 2; à l’hôpital des enfants trouvés, rue Argyle, de 5; les enfants trouvés morts au dehors des institutions montent au chiffre de 21.

Le rapport donne aussi les chiffres suivants : naissances prématurées légitimes, 200; illégitimes, 31; avortements légitimes, 322; illégitimes, 44.

Il est aussi évident que l’impureté de notre eau d’aqueduc est une cause sérieuse de la mortalité infantile. La commission d’hygiène, alarmée de la proportion énorme de la mortalité chez les enfants, se promet de travailler à obtenir le filtrage de l’eau potable. La commission d’hygiène prendra aussi les mesures nécessaires à l’abolition des fosses d’aisance qui empestent les cours et les ruelles.

Disons-le pour la vie de nos enfants, leur mort dépend beaucoup de la négligence de certains médecins qui ne donnent pas au traitement des maladies des enfants la sollicitude que réclame la délicatesse de leur constitution.

Certains médecins, après de fortes études dans les hôpitaux d’enfants, en Europe, et après une brève constatation de l’insuffisance de l’hygiène propre aux enfants, à Montréal, ont organisé à l’hôpital Notre-Dame une clinique à laquelle furent invités les médecins des faubourgs susceptibles d’apprendre quelque chose en la matière. La clinique dut être abolie faute d‘abonnés. Et, cependant, la mort décourageante de nos bébés ne prouve pas tout de suite que nos médecins connaissent aussi parfaitement le traitement des maladies infantiles.

 

La Patrie (Montréal), 17 juillet 1902.

Contribution à une histoire des enfants québécois.

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