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Une transgenre à Paris

pictogramme des transgenresQui voudra faire l’histoire des personnes vivant dans la marge voilà plus de 100 ans peinera, car il est rare qu’on fasse écho à elles. Tout de même, on trouvera sur ce site, ici même, quelques billets.

Voici un fait de vie de cette femme-homme à Paris. L’article fait la une du quotidien montréalais La Patrie du 27 juillet 1883.

Dernièrement, un pauvre balayeur, nommé Edmond, bien connu dans le quartier de l’École militaire, était renversé et blessé grièvement. Immédiatement, et malgré son refus obstiné, on le transporta à l’hôpital Necker, on le déshabilla, et quelle ne fut pas la stupéfaction des infirmiers en reconnaissant que le nommé Edmond n’avait rien de commun avec le sexe fort, et que le balayeur était tout bonnement une balayeuse.

On informa aussitôt de ce fait le commissaire de police du quartier qui interrogea ce singulier «sujet» et finit par obtenir l’histoire de cette femme, qui est une véritable épopée.

Elle refusa cependant de faire connaître son véritable nom.

Arrivée il y a une vingtaine d’années à Paris, portant le costume d’homme, que du reste elle n’a jamais quitté, elle se présenta comme valet de chambre chez le duc de B…, où elle resta pendant fort longtemps.

Edmond, c’était le nom qu’elle portait, ne quitta la maison que parce que ses maîtres voulaient le marier avec une jeune et accorte femme de chambre qui s’était éprise de ses beaux yeux. Edmond refusa, cela se comprend, son amoureuse s’indigna et alla se plaindre à ses maîtres que le valet avait voulu abuser de son innocence.

Edmond fut donc renvoyé pour une faute qu’il n’avait bien certainement jamais l’intention de commettre.

Depuis, après avoir dégringolé tous les degrés de l’échelle sociale, après en être arrivé même proh pudor ! à fumer la pipe et à chiquer, notre pseudo Edmond avait été fort heureux d’accepter de la Ville cette modeste place, qu’il a du reste l’intention de reprendre, mais cette fois dans le bataillon des balayeuses.

— C’est égal, a-t-il dit au commissaire de police, je regretterai toujours mon ancien sexe.

 

Le pictogramme des transgenres apparaît sur la page Wikipédia consacrée au transgénérisme.

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