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Enfant, on se faisait servir dans nos livres un pareil discours

Le serinOu l’art d’opposer l’obéissance à la curiosité. Malheureusement.

Ce texte apparaît dans le quotidien montréalais La Patrie, dans la page hebdomadaire à l’intention des enfants, Les Contes du père Rhault.

Le serin

Christine pria un jour sa mère de lui acheter un petit serin. La mère lui répondit :

«Tu en auras un si tu es toujours obéissante et bien appliquée; et surtout si tu te corriges de cette curiosité qui te porte constamment à apprendre des choses inutiles et parfois dangereuses.»

Christine promit d’être docile et laborieuse, et de se corriger du défaut que sa mère venait de lui reprocher.

Un jour, elle revenait de l’école. Sa mère, qui s’apprêtait à sortir, lui dit :

«Voilà sur la table une petite boîte toute neuve. Garde-toi bien de l’ouvrir et même d’y toucher. Si je m’aperçois, à mon retour, que tu n’as pas désobéi à cet ordre, je te donnerai quelque chose qui te fera grand plaisir.»

Aussitôt la mère sortit pour aller voir son filleul, le petit Guillaume, qui était malade. À peine fut-elle partie, que la curieuse enfant tenait déjà la boîte à la main.

«Comme elle est légère ! se disait-elle. Tiens ! le couvercle est percé de petits trous. Mon Dieu ! que peut-il y avoir là-dedans ?»

Après avoir dit ces mots, elle leva le couvercle. Au même instant, un charmant serin couleur d’or s’échappa de la boîte et se mit à voltiger dans la chambre en chantant joyeusement.

Christine voulut le rattraper et le remettre dans sa prison, afin que sa mère ne s’aperçut de rien. Mais elle eut beau faire et le pourchasser d’un bout de la chambre à l’autre; le serin lui échappait toujours. Tout essoufflée et les joues en feu, elle courait encore après l’oiseau, lorsque sa mère entra et lui dit :

 O fille désobéissante et curieuse ! C’est à toi que je destinais ce joli serin; mais, avant de te le donner, je voulais voir si tu le méritais. À présent, je le donnerai au sage petit Guillaume, qui est bien plus obéissant et bien moins indiscret que toi.»

La curiosité souvent conduit au mal.

C’est une pente où le pied glisse.

Amis, c’est le chemin tortueux et fatal

Qui mène à l’abîme du vice.

 

La Patrie, 4 juillet 1908.

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    Aoutch. « La curiosité est un bien vilain défaut. » Me semble que j’entends encore cela dans mon oreille… Misère de misère ! Aujourd’hui, je soutiens avec un grand sourire(et délice !) la curiosité de mes petits-enfants…

    5 juillet 2016
  2. Jean Provencher #

    Vous avez bien raison, il faut l’appuyer, la nourrir même, cette curiosité chez l’enfant. C’est le début du chemin de la création.

    5 juillet 2016

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