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Comment on parlait du chat durant les années 1880 (second billet de deux)

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Sous le titre de Causerie familière. Le chat, signée par F. Draeunig, nous présentions hier la première partie de ce propos félin. Voici la seconde.

Le chat est un observateur patient et réfléchi. Il faut voir, par exemple, comme il épie un oiseau. Il se ramasse en tapinois, regarde à droite et à gauche si personne ne le voit, et, l’oreille tendue, les yeux tout grand ouverts, il guette sa proie; puis, quand toutes ses mesures sont bien prises, ses réflexions bien faites, au moment propice il s’élance rapide comme une flèche et d’un bond tombe sur le pauvret. S’il a mal calculé sa distance, s’il manque son coup, il se retire confus.

Il faut bien l’avouer, par ses appétits cruels, le chat nous rend de grands services; on l’apprécie fort dans les contrées infestées de souris. Quand le gibier lui fait défaut, il rôde à la cuisine et fait honneur au lait, à la soupe de la cuisinière et aux restes de viande qu’on lui jette ou qu’il s’approprie. Plus son vivre est assuré, moins il chasse : après avoir tué du gibier, il le dédaigne, et revient prendre son repas à la salle à manger.

On dit que le chat est faux et sans affection pour ses maîtres.

Cette accusation est trop absolue. Bien des braves femmes de la campagne vous diront que leur chat les suit comme le chien suit la maître de la maison. Le chat va jusqu’aux champs avec elles et, pendant qu’elles cueillent l’herbe pour la vache, Minet chasse et attrape les souris de la plaine.

Ce qui est moins contesté, c’est la finesse du chat, sa prudence, sa réflexion.

Un trait entre mille.

On avait l’habitude de mettre de la viande dans une armoire que l’on fermait à clef.

Deux chats ne manquèrent pas, quelque temps après, de venir ouvrir cette armoire en s’attachant les mains au-dessous de l’autre et en pressant sur la clef pour la faire tourner.

Ils se cachaient ensuite sous l’armoire pour épier si quelqu’un les avait aperçus; puis ils revenaient quelque temps après, examinaient avec leurs pattes si l’armoire était ouverte, et finalement prenaient la viande qui les avait attirés.

Le chat domestique a plusieurs cousins redoutables. Le tigre, qui fait l’effroi des Indiens, et le lion, qui répand la terreur en Afrique, sont de gros chats.

Ils ne se contentent pas d‘égorger les moutons, les bœufs, les chevaux, les antilopes, qu’ils guettent absolument comme Minet guette la souris ou l’oiseau, ils s’attaquent même à l’homme.

Ces grands chats rugissent, les petits miaulent.

F. Draeunig.

 

La Gazette de Joliette, 21 juin 1888.

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