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Que faire avec la prostitution ?

tolerance de la prostitution

Voilà bien des siècles que, lorsqu’une communauté se développe, la prostitution fleurit également. Et souvent la population est divisée. «Allons-y pour une lutte à outrance» ou «non, non, non, vous n’arriverez pas à l’éradiquer».

À Montréal, en juin 1909, on demande au chef de police de la ville et aux responsables de chacune des stations de police de répondre aux questions d’une commission d’enquête, chargée aussi de faire la lumière sur les maisons de jeux. Mais les rencontres montrent qu’on s’attarde davantage à la prostitution qu’au jeu.

Dès le début, le chef Campeau déclare qu’il est du même avis que le recorder Dupuis [juge de la Cour municipale], «à savoir que ne pouvant guérir cette plaie sociale, il fallait la tolérer faute de mieux». «En 1875, dit Campeau, lorsque je suis rentré dans la police, il y avait plus de maisons qu’aujourd’hui. Le recorder Demontigny a fait campagne, mais les résultats furent désastreux, et il a fallu adopter un système de tolérance. Depuis que M. le recorder Weir, l’an dernier, a dit que la police ne faisait pas son devoir, il déclare qu’il a fait arrêter toutes les maisons de prostitution. J’ai raison de croire qu’aujourd’hui, ces femmes se retirent dans des maisons privées et vont chercher les hommes sur la rue.»

Et, rapidement, les témoignages confirment que «c’est dans le centre-ville que la prostitution exerce son œuvre démoralisante».

Le capitaine Joseph Hébert, du poste no. 4, «un des pires et des plus grands districts de la ville à surveiller», dit qu’il ne connaît pas de maison close dans son arrondissement et ajoute que, chaque fois qu’il en connaît, «il les fait disparaître». Cela dit, «d’après son expérience de policier, il estime qu’il est pratiquement impossible d’extirper ce vice». «Le système d’emprisonner ces femmes est le pire de tous, il est pire que le mal. Il vaut mieux leur rendre la vie dure et les surveiller de très près. Il est en faveur d’une tolérance mitigée de surveillance sévère : les empêcher de sortir, de faire du scandale, les contrôler, les empêcher de se mêler aux femmes honnêtes.»

En résumé, cette enquête ne mènera qu’à la nécessité d’une tolérance attentive de ce fait social.

 

La Patrie (Montréal), 2 juin 1909.

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