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«Dans le monde des poupées»

Fillette et sa poupee

 

L’histoire de la poupée se perd dans la nuit des temps. Et l’enfant fruste de nos paysans ou la petite négresse des tribus sauvages de l’Océanie chérissent avec le même amour que la petite Parisienne et que notre petite Montréalaise la grossière image incarnant à leurs yeux naïfs le «baby » idéal.

La poupée vieille comme le monde

Le premier enfant des hommes fut peut-être le modèle de la première poupée, et les filles aînées d’Eve, voyant bercer leurs cadettes, durent déjà dorloter un poupon artificiel.

On retrouve, en effet, des traces de la poupée dès les temps les plus reculés, puisque l’on a découvert dans les tombes préhistoriques du Pérou des figures de bois grossièrement sculptées, qui étaient les poupées des indigènes d’alors.

Nous savons également que les Perses antiques avaient de fort riches poupées, et, chez les Grecs et les Romains, dont les mœurs nous sont mieux connues, ces jouets prenaient une part en quelque sorte officielle à la vie des enfants.

Les familles romaines célébraient par une fête joyeuse l’entrée de leurs petites filles dans l’adolescence. Au jour choisi, ces fillettes, vêtues d’habits de gala, allaient en grande pompe porter au temple de Vénus les poupées choyées jusque là.

Quand un enfant mourait avant cette époque, une pieuse sollicitude veillait à ce que ses poupées la suivissent au tombeau, afin que ses mânes pussent encore parfois venir les retrouver.

En Grèce, c’est seulement à la veille de leur mariage que les fiancés offraient à l’autel de Diane leurs anciennes poupées.

Le nom dont on désigne ce jouet ne semble pas avoir beaucoup varié chez les Latins, car il dérive de «pupa» : petite fille, qui dégénéra en «popoca» pendant la décadence de l’Empire romain. C’est par une étymologie fantaisiste et erronée que l’on en attribue l’origine à «Poppée», femme de Néron.

Poppée, qui mettait un masque pour préserver son teint délicat des altérations de l’air, était une coquette qui se soignait «comme une poupée», mais ces gentilles personnes ne lui doivent rien.

 

L’Album universel (Montréal), 2 juin 1906.

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