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À Montréal, on raconte des histoires sur Québec

toujours les memesIl semble que de tout temps il y eut une rivalité entre les villes de Montréal et Québec.

En voici un exemple.

«La température à Québec est encore froide et très défavorable, et les cultivateurs sont abattus à la vue du peu de facilités en perspectives pour faire les semences.»

Voilà les lignes que publiait le Star de Montréal portant la date du 25 courant.

Toujours les mêmes, ces bonnes gens de Montréal. Leur parle-t-on de Québec qu’ils s’écrient en frissonnant : Brrrr, il fait froid, on y gèle. C’est à tel point qu’à l’hôtel Richelieu, un jour, on avait persuadé une bonne dame américaine, qui se proposait de visiter la capitale, de se munir de bonnes fourrures si elle ne voulait pas risquer de faire une maladie.

Et la dame, qui ne connaissait pas Québec, crut ce qu’on lui disait. La voilà arpentant les rues de Montréal et achetant force manteaux, manchons et mitaines, le tout en fourrures des plus chaudes. Un beau matin, on la voit descendre du bateau de la compagnie Richelieu, tout capitonnée dans ses épais vêtements. On était au 20 juillet et le thermomètre marquait 90 degrés à l’ombre ce matin-là.

On se rappelle encore la Minerve qui, l’hiver dernier, nous annonçait gravement qu’il y avait 15 pieds [4, 57 mètres] de neige dans nos rues. «Vous vous trompez, rétorqua ironiquement l’un de nos confrères, ce n’est pas 15 pieds, c’est 25 et même 30 pieds. C’est à tel point que les gens secouent leur pipe dans les cheminées, et qu’au lieu de se rendre aux coins des rues, pour passer d’une rue à l’autre, ils enjambent sans cérémonie pardessus les toits.»

C’est un vrai parti pris de déprécier Québec. Pourquoi ? C’est difficile à dire. Car, qu’on ne l’oublie pas, nous sommes situés à 60 lieues seulement de Montréal, et le simple bon sens indique qu’il ne peut faire un froid sibérien à Québec et qu’à Montréal l’on puisse dîner en plein air d’un œuf cuit aux seuls rayons du soleil. De ceci, je conclus que déprécier Québec, c’est aussi du même coup déprécier Montréal. […]

A.D.

 

Le Canadien (Québec), 29 mai 1883.

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