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Un écrivain parle de la piéride

Pieride butinant sur une fleur de prunier

Elle nous est venue d’Europe au 19e siècle, incognito comme tant d’autres plantes ou insectes. Mais elle est la mal aimée.

Sans prédateur encore aujourd’hui, elle pond, en particulier dans le cœur des choux. Et on découvre son petit vers plus tard, au temps chaud. Aussi est-elle épinglée dans les ouvrages sur les insectes nuisibles.

Chez le romancier français Maurice Genevoix (1890-1980), la piéride le ramène à son enfance. Dans son Bestiaire sans oubli (Paris, Librairie Plon, 1971), il ouvre son texte sur le papillon par cette courte citation : La Beauté ? L’ombre d’une fleur sur laquelle, papillon blanc, vient voltiger la Poésie.

Y a-t-il des papillons blancs de l’autre côté des Alpes ? Je n’en ai, en France, jamais vu. Ni ailleurs, où que j’ai été par le monde. Le chœur enfantin que rythmaient, à Pithiviers, les claquoirs des bonnes sœurs en cornette en chantait un couleur de neige. Blanc papillon, blanc mûrier, cornettes blanches aux larges ailes, que de poésie à la fois ! […]

Des papillons se poursuivaient dans le soleil, amis de mes journées dansantes. Ils étaient jaunes, couleur de souffre ou de citron; mais c’était le soleil même qui se veloutait sur leurs ailes et qui palpitait avec elles; je les nommais «Petits Soleils»; j’eusse pu les prendre, astres légers, avec mes doigts.

Il y avait aussi de grandes éclosions d’ailes pâles. J’unissais leur venue avec des exaltations de Fête-Dieu, à mi-hauteur entre ciel et terre. Elles n’avaient pas de nom. Quand je pensais à elles, je murmurais intérieurement : les Blanches. Et je revoyais aussitôt, sous les grands arbres du Château, le saint Jean blond, son agneau, les fillettes en robe blanche processionnant, corbeille au cou, en lançant devant elle, à la volée, des essaims de pétales blancs.

Aujourd’hui, je sais leur nom : ce sont des piérides du chou. Comment pourraient-elles être blanches ? D’une pâleur vaguement grise et tachées d’ocelles sombres, tout le corps sombre, presque noir, les ailes molles, elles dérivent au moindre souffle, «jouets du vent» d’avance découragés, pressés de pondre et de mourir.

 

Personnellement, j’aime beaucoup la piéride. Voici un des billets écrits à son sujet.

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