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«Écoutez la chanson bien douce…»

TendresseÉcoutez la chanson bien douce

Qui ne pleure que pour vous plaire.

Elle est discrète, elle est légère :

Un frisson d’eau sur de la mousse !

 

 

 

La voix vous fut connue (et chère ?),

Mais à présent elle est voilée

Comme une veuve désolée,

Pourtant comme elle est encore fière.

 

Et dans les longs plis de son voile

Qui palpite aux brises d’automne,

Cache et montre un cœur qui s’étonne

La vérité comme une étoile.

 

Elle dit, la voix reconnue,

Que la bonté c’est notre vie,

Que de la haine et de l’envie

Rien ne reste, la mort venue.

 

Elle parle aussi de la gloire

D’être simple sans plus attendre,

Et de noces d’or et du tendre

Bonheur d’une paix sans victoire.

 

Accueillez la voix qui persiste

Dans son naïf épithalame.

Allez, rien n’est meilleur à l’âme

Que de faire une âme moins triste !

 

Elle est «en peine» et «de passage»,

L’âme qui souffre sans colère,

Et comme sa morale est claire ! …

Écoutez la chanson bien sage.

 

Paul Verlaine, Choix de poèmes, Montréal, Éditions Aux Ateliers de l’Entr’Aide, 1946. Ouvrage manuscrit.

On peut voir ce billet lors du décès de Paul Verlaine en janvier 1896.

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