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La fête de la mi-carême

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C’est aujourd’hui même la mi-carême. Et il s’en est fêté des mi-carêmes. Il y a un peu plus de 100 ans, dans la presse québécoise, les mentions fourmillent à son sujet.

La tradition qui remonte au Moyen Âge est apportée de France sur les rives du Saint-Laurent. Sans blague, lorsqu’on y pense, on constate qu’il était bien riche ce bateau de France s’amenant en Amérique : des manières de vivre, des fêtes, des peurs aussi, l’importance du voisin, celle de la salle commune, nombre de chansons et notre belle langue du 16e siècle que les linguistes purs et durs s’acharnent à picosser sans jamais l’affaiblir.

Voici quelques mentions de la mi-carême au début du siècle dernier.

D’abord dans le faubourg Saint-Jean à Québec, après une neige abondante. Mais nul ne s’en inquiète, on fera de la tire.

Encore une tempête qui est de nature à jeter le désarroi parmi les entrepreneurs d’enlèvement de la neige à l’année. Mars pourra donner raison à l’axiome : « Un lion qui entre comme mars en carême ». Nous ne manquerons pas de neige assurément pour faire de la tire à la mi-carême. Le Soleil, 7 mars 1908.

À Trois-Rivières, le clergé vient bien près d’empêcher la fête. Mais le bi-hebdomadaire local dit «Ouf !».

Le 3 mars, à l’occasion de la mi-carême, on ne nous a pas privés de la traditionnelle mascarade. Les costumes étaient des plus variés; il y en avait du Japon, de la Chine, de l’Arabie, etc. Le Bien public, 8 mars 1910.

À Victoriaville, elle fait le bonheur des jeunes.

Jeudi soir, la mi-carême a été célébrée avec réjouissance ici. Les jeunes se sont amusés à parader dans nos rues avec des accoutrements très bizarres. D’autres se sont promenés dans de grandes voitures, faisant entendre des chants joyeux. L’Écho des Bois-Francs, 16 mars 1901.

Toujours à Victoriaville en 1901, on allonge le sujet.

Cette semaine, à l’occasion de la mi-carême, les écoliers de l’Académie des Rvds Frères ont fait une mascarade dans la ville; rien n’était plus joyeux de voir ces jeunes gens sous divers costumes, marcher en procession dans les rues de la ville. […] Nos jeunes élèves se sont rendus au couvent, au collège et chez Mr J. O. Legendre, et finalement chez Mr Z. Auger où tout se termina par une fête à la tire. Voici les noms de ceux qui formaient ce cercle d’amusements : Jos Poirier, Syrien; Lucien Laurendeau, Émigré; O. Gaudet, Pompadour; A. Vigneault, Bohémien; A. Houle, Habitant; W. Drouin, Paysan; J. Poliquin, Algonquin; H. Hamel, Négresse; C. Tourigny, Sauvage; C. Poitras, Nègre; N. Gouin, Chinois; D. Poisson, Porte-drapeau; L. Hamel, Villageois; H. Piché, Italienne; E. Auger, Huron; J. Boulanger, Espagnol; J. Bte Poliquin, Fillette; E. Dussault, Ours; A. Auger, Boer. 1er Prix, J.-Bte Poliquin. L’Écho des Bois-Francs, 16 mars 1901.

À Lévis, tenez-vous bien, ça promet d’être bien joyeux.

On nous prie d’annoncer une grande mascarade avec costume pour jeudi soir, à la mi-carême, au patinoir Vilmay. C’est la dernière mascarade de cette année et il n’y a aucun doute qu’elle aura un grand succès. On nous promet de jolis costumes. Allons, patineuses et patineurs, préparez-vous pour jeudi soir et que chacun rivalise dans le choix et la beauté du costume qui devra attirer les regards admirateurs des spectateurs. Le Quotidien, 18 mars 1895.

Mais à Chicoutimi, on ne s’en sort pas. Autorités municipales et clergé se liguent contre l’événement.

C’est aujourd’hui la mi-carême. Contrairement aux années dernières, ces divertissements sont interdits cette année, par ordre des autorités municipales. Au prône dimanche, M. le Grand-Vicaire Belley s’est aussi fortement élevé contre la mi-carême. C’en est donc fait de cette coutume. Le Progrès du Saguenay, 19 mars 1903.

Ainsi, meurt dans cette région du Québec une bien ancienne fête apportée de France.

 

La photographie d’« un groupe de pensionnaires de Saint-Louis de Gonzague [à Québec] déguisés pour la Mi-carême » provient du Fonds des Sœurs de la Charité à Québec et est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Fonds Les Sœurs de la Charité de Québec, Maison-Mère, cote : P910, S1, D4, P295.

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