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«Comme un désir d’éternité qui repose en toute chose»

Page couverture nicole dorion

 

J’attrape Les états du relief d’Hélène Dorion. Un ouvrage épuisé, nous dit la page Wikipédia qui lui est consacrée. Chants d’amour. Je m’enlève du chemin.

 

Ce jour

comme un désir d’éternité

qui repose en toute chose

ce dénuement vers lequel je vais

quand je murmure — mon amour

et me laisse éroder

par la douceur d’une seconde

penchée sur la durée

 

Retiens-moi dans ce corps

qui m’apprend à vivre

les ombres sans appui

disséminées sous la chair

tes mains avancent encore

dans le jour fragile

je retrouve une âme

qui délivre la vie

 

Sans autre visage

que le tien devant moi

la vie tremble

et n’a d’autre réponse

que ces feuilles mortes

avalées par la terre

pour me retenir encore

aux quelques particules

qui nous sont confiées

 

Une impression sans cesse répétée

de se connaître depuis longtemps

bien plus longtemps que ces quelques heures

complices dans le soir

nos mains se lient l’une à l’autre

je pense à la beauté d’être là, à cette douceur

d’un geste amorcé

 

Quelqu’un s’approche

qui me dit : — je n’ai pas oublié

le murmure de la pluie, un train immobile

dans la clarté brutale de la lune

des mots comme une brèche

repoussent plus loin la menace

Et cela arrive : grâce, beauté, tendresse

 

Nous allons tout réapprendre

 

Hélène Dorion, Les états du relief (Le Noroît/Le Dé bleu, 1991).

Quatrieme de couverture nicole dorion

9 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    (Tellement Beau et intense, je garde silence et savoure…)

    1 février 2016
  2. Jean Provencher #

    C’est bien vrai. On emmagasine en silence le bonheur que ces mots nous donnent.

    1 février 2016
  3. silvana #

    «Retiens moi dans ce corps qui m’apprends à vivre». Justement, parlant de lenteur et de lumière. Et d’ombres aussi.

    Merci Jean!

    Est ce possible que votre poésie nous rende meilleurs?

    2 février 2016
  4. Jean Provencher #

    Je trouve vraiment que la poésie apaise, chère Silvana, lorsqu’elle n’est pas trop, comment dire, déglinguée. Ou plutôt, dirais-je, plus justement, dure à suivre. Car il s’en trouve de bien hermétique.

    2 février 2016
  5. silvana #

    Ah Ah! C’est vrai! J’ai longtemps été réfractaire à la poésie car je n’y comprenais rien. Je mettais la faute sur un manque de grandeur d’âme sûrement!

    Depuis, j’ai découvert ces doux poètes des temps anciens que vous nous présentez sur votre site. Ils m’ouvrent un univers nouveau et bizarrement que j’ai l’impression de connaître depuis toujours.

    2 février 2016
  6. Jean Provencher #

    Je vais revenir très bientôt avec un nouveau billet sur Alphonse Piché que j’aime beaucoup.

    2 février 2016
  7. Ode #

     » Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre, et projette sous vos yeux un monde de grâce, c’est la poésie… « .

    Tiré de  » Oreiller d’herbes « , paru en 1987 aux Éditions Rivages
    Auteur : Sôseki 1867-1916

    2 février 2016
  8. Jean Provencher #

    Bravo !

    2 février 2016
  9. silvana #

    Merci Ode. C’est si vrai; je vais passer chez mon bouquinier pour ce titre.

    3 février 2016

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