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Le «Livre total»

Trois fois passeraTrois fois passera, la dernière, la dernière,

Trois fois passera, la dernière y restera.

 

 

 

Au tout début des années 1970, à Radio-Canada, à Montréal, une animatrice, aussi comédienne, me demande ce que j’aimerais bien réaliser un jour. Je lui ai répondu : «Le Livre total». «Celui qui me permettrait de raccrocher tout ce que je suis.» Voilà la dame étonnée et dubitative. «Croyez-vous que c’est possible ?» «Je peux simplement vous répondre que je l’espère beaucoup.»

Raccrocher des comptines apprises, enfant. «Le Noël de l’oncle Sébastien». «Dans le hameau», chanté par Télésphore Genest, l’orphelin d’une mère morte et d’un père disparu, cousin de ma mère. Des 78 tours que nous avions à la maison.

Ma formation en histoire, donner la parole aux temps anciens. Mon fol amour des bêtes, dont les oiseaux. Les recettes de mets québécois traditionnels. Ma passion de la photographie. L’envie de nommer toutes les sollicitations de la Nature où que j’aille. Les grands écrits de sagesse. Mes réflexions sur l’amour, sur la mort. Certains des plus beaux textes de l’humanité. Chanter la langueur aussi. La tendresse. Et le temps qui file follement.

Ce serait sans fin. Et si disparate.

«Je peux simplement vous répondre que je l’espère beaucoup.»

Puis sont venues les années 2000. Mon fils qui s’est mis à me demander : «Pourquoi ne t’ouvres-tu pas à un site internet, à un blogue ? Tu aurais tellement ta place.» Je résistais. L’âge sans doute, la méconnaissance.

Et, un matin de fin novembre 2010, debout dans le Métrobus, coude à coude, une dame que je ne connais pas, un ange, qui me dit «Moi, je vous connais. Pourquoi n’êtes-vous pas sur internet ? Vous savez, vos si beaux livres dorment au cinquième étage de la bibliothèque Jean-Charles-Bonenfant, à l’université Laval. Bien davantage que vos livres, ce que vous laisseriez au monde, c’est votre site internet. Moi, je vous bâtirais un site, et je ne veux rien, ce serait le cadeau que je ferais au Québec.»

Foudroiement. Élyse Gariépy qu’elle s’appelle. Je ne la remercierai jamais assez.

Le 22 mai 2011, le navire prenait la mer.

Hier, j’écrivais à mon cher fils, mon inspirateur, mon conseiller, mon soutien : «Tu sais, je suis à réaliser un très grand rêve, le Livre total, où je peux enfin tout raccrocher».

4 commentaires Publier un commentaire
  1. Esther #

    Dame Élyse Gariépy, vous êtes un ange sur terre ! Merci un million de fois d’avoir insufflé cette poussée qui manquait encore pour la mise à l’eau de ce si beau navire… Longue vie à son capitaine !

    14 janvier 2016
  2. Jean Provencher #

    Chère Esther, j’espère qu’Élyse arrivera à attraper votre message, elle a quitté la région depuis quelques années maintenant.

    Grand merci à Vous de la part du capitaine !

    14 janvier 2016
  3. Élyse Gariépy #

    Oui. J’attrape vos messages et cela me fait très chaud au coeur. Mais pour réussir, il fallait justement un bon capitaine…

    En fait, il fallait du contenu. Et le contenant nécessaire pour le mettre en valeur.

    Ce fût une si belle expérience… de contribuer au Livre total.

    15 janvier 2016
  4. Jean Provencher #

    MERCI, MERCI encore et encore, bien Chère Élyse !!!! Quel cadeau !!!!!

    15 janvier 2016

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