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Que pensez-vous de Noël ?

le pays lorrainAu début du 20e siècle, une publication assurément française demande à trois écrivains ce qu’ils pensent de Noël. Ils viennent de Limoges, de la Provence et de la Lorraine. Le quotidien montréalais La Patrie, du 20 décembre 1902, nous livre leur réponse.

Ce que je pense de Noël ? Mais c’est tout un monde de souvenirs qu’il me faudrait évoquer pour vous répondre. Je n’en ai guère le temps.

Tout ce qui rassemble autour de la table de la famille, les parents séparés par le labeur quotidien, par la vie, est coutume exquise.

Noël avec des cloches sonne le ralliement; ne touchons pas à Noël !

Le temps se charge, hélas ! de faire les réveillons plus tristes et moins «nombreux» d’année en année ! Jusqu’au jour où les cloches se seront tues, après avoir sonné une dernière fois.

Cordialement à vous,

JULES CLARETIE.

 

Ce que je pense de Noël, moi, enfant perdu de Provence ?…

Eh ! mon cher confrère, je pense que c’est la fête des fêtes, parce que c’est la fête de l’amour.

Là-bas, chez nous, on se resserre autour du foyer. Le feu dit la chanson du soleil disparu ou pâli sous les nuées d’hiver. Le verdure toute nouvelle dans les sillons, le brin d’herbe sacré qui donne le pain, annonce, en pleine mort, l’immortalité de la vie, et, à travers les vallées et les montagnes, les absents se mettent en route les uns vers les autres. La marche à l’étoile recommence. Les regrettés accourent au foyer de famille. Tout est ligué en ce temps-là, dans les cœurs, contre les forces obscures de l’hiver attristant, en faveur de la tendresse et de la reconnaissance.

JEAN AICARD.

 

Ce que je pense de la fête de Noël ?

Cela demanderait un commentaire un peu long, et, en ce moment, je n’ai guère le loisir de l’écrire.

Chez moi, en Lorraine, la Noël est surtout une fête religieuse; la vraie fête des enfants est la Saint-Nicolas (6 décembre). C’est à cette époque qu’ils mettent leurs souliers sous la cheminée et qu’on leur distribue des cadeaux. C’est depuis la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace que Noël a été fêté à Paris autrement que par de copieux réveillons, et que les enfants y ont eu leur part de réjouissances.

On a alors importé chez nous les coutumes du «Christ Kind» allemand. Mais puisque nous imitons les Anglais, nous aurions dû leur prendre, au point de vue mondain, cette fort agréable coutume du «mistletoe», qui permet aux gentlemen d’embrasser, pendant les réjouissances du «Christmas» toutes les jolies femmes, lorsqu’elles se rencontrent avec eux sous la branche de gui (mistletoe), suspendu au plafond. C’est un usage qui serait fort apprécié par les jeunes, et surtout par les vieux.

ANDRÉ THEURIET.

 

Sur cette tradition anglaise du mistletoe, voir ce billet de Jeanne-Andrée qui nous la raconte.

L’illustration coiffe une des pages du site Les épinettes des Vosges de Christophe Toussaint.

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