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Des exploits de Cadet Blondin

homme fort

Dans l’hebdomadaire L’Opinion publique (Montréal) du 17 novembre 1881, le journaliste et historien trifluvien Benjamin Sulte passe en revue un certain nombre d’hommes forts du Québec. Cadet Blondin est l’un d’entre eux. Sulte écrit :

Et Cadet Blondin ! qui portait la charge de trois hommes dans les portages. En voilà un voyageur ! Vers 1820, alors que les compagnies du Nord-Ouest et de la Baie d’Hudson étaient en guerre, il cherche refuge, par un soir de tempête, dans un poste de la compagnie rivale. Personne ne le connaissait en cet endroit, mais on voyait bien à ses allures qu’il n’était pas de la «compagnie». Un quolibet n’attendait pas l’autre. Cadet se brûlait les sangs.

Après avoir fumé la pipe, quelqu’un lui demanda de prendre un petit baril qui se trouvait dans un coin et de le lui passer. Il voulut faire la chose poliment, mais bernique ! l’objet lui glissa entre les doigts. Et les compagnons de rire aux éclats.

C’était mettre le feu à la poudre, La poudre c’était Blondin. Quand au baril, il était rempli de balles. En deux secondes, l’hercule se baissa, enleva le malencontreux paquet et le lança contre le pilier qui supportait la toiture. Tout croula comme si une bombe y passait. «Et maintenant, dit-il, couchez dehors; mon nom est Cadet Blondin.»

Les anciens m’ont raconté que, durant la guerre de 1812, un détachement des artilleurs royaux passant à Yamachiche, y avait fait halte pour souper. C’était l’hiver. Sur des traîneaux, on avait placé les bouches à feu, et sur d’autres les boulets. Quelques gaillards voulurent s’amuser aux dépens des gens du pays. Trois ou quatre entrèrent chez Blondin et, sans dire bonjour ni bonsoir, enfilèrent l’escalier du premier étage. Aux cris des femmes, Cadet accourut.

Le premier soldat qu’il saisit passa par la fenêtre, emportant vitres et barreaux, le second de même; les autres s’échappèrent. Ce fut le signal d’une levée de baïonnettes, pour ne pas dire de boucliers. Les militaires n’entendaient pas avoir le dessous.

Cadet, voyant sa maison cernée, courut vers les traîneaux — suivi de toute la bande. Alors commença une scène épique — un chant d’Homère. — Le Canadien empoignait les boulets et, de son bras formidable, les lançait comme eut fait un canon bien servi. Ce n’était point des boules de neige. Bras, jambes, etc., tout se brisait au contact de ces terribles joujoux. Le quart de la troupe resta à l’hôpital. Il ne séjourna plus de «réguliers» à Yamachiche durant la guerre.

 

La photographie d’un homme fort apparaît sur le site d’Antiques Réjean Brunet.

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