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Les soirs d’automne

partie de cartes

Le temps s’envole, nous ne pouvons le suivre dans sa marche rapide.

À peine les chauds rayons du soleil printanier viennent-ils faire disparaître ce manteau blanc qui couvre la terre et faire reverdir l’herbe des prés que déjà la belle saison de l’été est avancée et nous songeons bientôt aux longues veillées dont l’automne nous gratifie pendant lesquelles nos bonnes familles canadiennes passent de si agréables moments tout en goûtant au repos justement mérité.

Bientôt en effet le roi des astres devient plus avare de ses bienfaits, sa chaleur vivifiante ne nous arrive plus comme jadis et, le soir, il disparaît à nos regards avec empressement sans nous gratifier de son éclatante lumière pendant le reste de nos heures de travail. […]

La moisson dorée est enlevée des champs et le cultivateur regarde d’un œil triste son champ vaste et nu et qui personnifie la grande désertion des beautés de la nature, et qui nous annonce les sombres jours de l’automne.

Au milieu de cette torpeur générale, nous nous sentons comme un besoin de chercher quelque part ce qui pourra compenser notre tristesse. Nous sentons que nous ne sommes pas faits pour vivre ainsi dans l’isolement et nous recherchons les joies de la famille que nous goûtons le soir au coin du feu.

Les soirées d’automne, oh ! que de souvenirs ne nous rappellent-elles pas ? Que d’agréables moments n’avons-nous pas passés au milieu de nos chers parents et de nos amis ? Voilà la compensation qui nous est offerte aux tristesses de la nature endormie. Elles passent bien rapidement ces heures du soir où nous nous réjouissons à qui mieux mieux dans une intimité qui console et qui fait du bien au cœur.

Pour quelques-uns, ces longues veillées sont chères parce qu’ils sont à côté de leurs vieux parents et, pour ces derniers, ces moments sont bénis parce qu’ils voient leurs enfants groupés autour d’eux, s’efforçant de réjouir leurs vieux jours; pour d’autres, ces heures sont pleines d’attraits, car c’est le moment de rencontrer les voisins et parler d’affaires. Enfin, pour les derniers et peut-être les plus nombreux, les soirées d’automne sont désirées parce qu’il leur est donné d’assister à de nombreuses réunions où la danse, la musique et tous les amusements sont à l’ordre du jour ou plutôt du soir.

 

L’Étoile du Nord (Joliette), 6 octobre 1892.

La photographie d’une partie de cartes le 9 mars 1941 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Montréal, Collection Monique Mercure-Vézina, Photographies, cote : P157, S4, P353.

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