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Et qu’est-il advenu de la jument ?

cheval de labonte deux

Samedi, le 18 courant, en se rendant à Joliette, M. Joseph Gadoury, riche bourgeois de Ste-Elizabeth, et son beau-frère, le Dr. Wilfrid Beaupré, ont été victimes d’un accident terrible qui eut pu leur coûter la vie.

La superbe jument trotteuse de M. Gadoury, attelée à sa magnifique «expresse», a pris le mors aux dents dans le rang de Lachaloupe, grâce à un troupeau de moutons pourchassé par un «bon chien» qui vint s’élancer au travers d’une clôture de broche juste au moment où la voiture passait.

La jeune jument effrayée donna du côté opposé à la clôture, enfourcha un piquet et renversa en un instant la voiture sans-dessus-dessous et les deux aimables compagnons avec elle. Miraculeusement, grâce à la valeur contestée de l’attelage, la jument passa à travers tout, brisant traits, «aculoirs», etc., etc., et pris son plus rapide galop laissant derrière elle ses «camionneurs».

Tête des deux voyageurs de se voir ainsi pris sous une lourde boîte de voiture et au beau milieu d’un plein fossé d’eau et de boue. N’eut été de l’obligeance et la charité de M. Jos Jubinville, témoin de la scène, nos jeunes voyageurs auraient passé un mauvais quart d’heure.

Conséquences de l’accident : abasourdissement et «fricassé» de chapeau de M. Gadoury. Légère déchirure de la main et jambe de culotte avariée chez le Dr. Beaupré. Quand à la voiture : travail tordu et un peu brisé. Somme toute, un heureux accident ! La jument fut retrouvée 3 heures après l’accident, saine et sauve et dans une bonne écurie chauve à une lieue près du théâtre de l’accident.

M. Jos Jubinville dont la générosité et l’hospitalité sont bien connues reçut avec grande politesse ses visiteurs inattendus et leur prêta avec plaisir sa magnifique jument trotteuse et de plus leur fit étrenner une très jolie voiture qu’il venait d’acheter, ce qui leur permit de continuer leur voyage à Joliette un peu clopin-clopant, il est vrai, car M. Gadoury avait un fort mal de tête et avait le cou renfoncé dans les épaules, et le Dr. Beaupré était un peu boiteux.

Morale : Ayez de bons chiens, mais pas pour les moutons. Ayez de la clôture, mais pas de broche. Et surtout ayez des chevaux qui n’ont peur de rien, ou bien encore sachez avoir d’heureux accidents !!!

 

L’Étoile du Nord (Joliette), 23 octobre 1890.

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